mardi 6 novembre 2012

Grande course des Templiers : Plaisir et douleurs.


Dès le début de ma saison, j’avais mis la grande course des templiers comme objectif d’automne. N’ayant jamais fait une telle distance (72 km), c’était un peu l’aventure. Je décide de demander conseil à Eric, un entraîneur chevronné.Et comme par hasard, il m’informe qu’il fait lui aussi cette course ainsi qu’un groupe de sa connaissance composé de plus d’une vingtaine de coureurs, certains sur le 29km (la Mona Lisa), d’autres sur le 40 kms (le marathon des causses) et d’autres sur le 72 km.

Dans la voiture qui nous emmène vers Millau, je comprends vite que mes quatre camarades de voyage (Eric, Patrick, Bruno et Vincent) sont d’un niveau largement plus élevé que le mien. Je fais un peu « randonneur » à leur côté. Julien, un autre traileur de bon niveau, a réservé pour la vingtaine de coureurs des chalets à Rivières sur Tarn. Je me retrouve logé avec mes quatre amis de voyage. Le samedi, nous allons chercher nos dossards dans le village départ, on sent l’ambiance monter, d’autant que le départ de la Mona Lisa puis du marathon des causses est donné.

Au retour, nos coureurs nous informent qu’il fait un froid de canard sur le causse. Pas rassurant. La météo annonce une forte baisse de la température pour cette nuit. -4 avec ressenti -9 sur le causse pour la fin de nuit prochaine. J’ai pris les vêtements (avec les trois couches : respirant, chaud, isolant) en conséquence mais, malgré tout, je ne suis pas si rassuré.

Comme des bébés, nous sommes couchés vers 20h30. Réveil à trois heures du mat. Direction Millau. Il fait froid. Nous nous garons loin du départ. Les 2300 coureurs convergent vers les sas. Nous ne sommes pas en avance. Nous nous éparpillons. A’ cinq minutes du départ, j’ai perdu mes colocataires.  Il est presque 5h15mn, heure du départ. Au milieu du peloton, l’ambiance se réchauffe d’autant plus que la sono commence à diffuser la musique d’ERA. Nous allumons nos frontales. Les fumigènes rouges s’allument dans le ciel, le départ est donné. C’est grandiose.

Désenchantement. Mon GPS ne se met pas en route. Je me mets sur le bas-côté, essaie de relancer la demande satellite plusieurs fois, rien à faire. Tout le peloton est parti. Tant pis, j’y vais à l’ancienne, juste avec le chrono. Je pars donc bon dernier. Ah non, je vois deux ou trois retardataires qui, comme moi, essaient de rattraper le peloton. Je ne stresse pas. Je sais qu’il va y avoir des bouchons mais sur 72 km, j’ai le temps. Je double un peu sans forcer. La route est large sur deux kms puis plus étroite. La montée commence, légère au début, puis un peu plus prononcée. Certains marchent déjà. Je double en trottinant. Nous nous engageons sur un chemin qui grimpe dur. Comme tout le monde, je passe en mode marche. Bouchon. Nous montons tranquillement la longue côte de Carbassas. La montée est longue, près d’une demi-heure. Le sol est gelé, la pente est glissante par endroits. J’essaie de relancer mon GPS. Après plusieurs tentatives, en haut de la côte, il se met enfin à fonctionner, avec au moins 6 ou 7 km de retard.

Une heure de course, je mange mais ma barre alimentaire s’est durcie avec le froid. Mes dents ont du mal à la couper. Allez ! Je suis sur le causse maintenant. Le chemin est large. Je peux enfin courir à mon allure. Sans forcer. Je suis à 5mn 40 au kilo. Je double tranquillement. Il fait froid, il y a du vent et quelques flocons de neige tombent mais mes vêtements sont bien adaptés. Mon bonnet et mes gants sont chauds. Finalement, je suis bien. Petit à petit, le jour se lève. Après 12 kms de causse, nous entamons la descente, large et douce au début. Je double encore. Puis le chemin devient monotrace et plus technique. Nous voyons Peyreleau (22e km). 1 er ravito. J’y suis en 2 h35 mn (1246e).

Je reste 3 mn au ravito puis j’entame la remontée sur le causse. Nous sommes à la queue leu leu. Cela n’avance pas vite mais impossible de doubler. Ce n ‘est pas grave, je garde des forces. 3 ou 4 km de montée. Enfin, un chemin large. Nous sommes presqu’en haut du causse. Je peux doubler. Je trottine. Vers le 30e km, je double Urbain. Il me dit qu’il a un problème au genou. Je lui réponds de continuer tranquillement. Maintenant, la végétation du causse change. Nous étions protégés par des arbustes, nous sommes maintenant au milieu des champs. Le vent est glacial. Le deuxième ravito, Saint André de Vézines, est en vue. 4h04mn de course (1042e), 34,5 km de fait. Tout va bien.

Nous sommes dans une grande grange. Je veux prendre mon tube d’Isostar mais quand j’ouvre, les cachets, sous les chocs répétés, se sont transformés en poudre et j’en déverse plus de la moitié à côté. Par ailleurs, mes barres énergétiques sont toujours aussi difficiles à manger. « Allez ! Tant pis, je me casse. » D’autant qu’il fait froid dans cette grange.

A’ part le vent froid sur ce causse dégagé, tout est ok. Je fais une pause technique. Avec le froid, mon petit tuyau n’est pas bien vaillant. C’est reparti ! J’arrive en haut d’une falaise. Nous sommes en chemin monotrace, la vue est splendide. Nous traçons en balcon sur quelques kilomètres, les photographes sont là. Devant moi, un petit groupe fait les fanfarons pour la circonstance.


Notre petit groupe entame la descente. Celle-ci est technique et glissante. Je me retrouve sur les fesses mais le moral est là. Malgré la difficulté, l’allure est rapide. Je suis quelques coureurs aguerris. A’ un moment, l’un d’eux nous dit que le paysage est splendide. Il a raison, nous levons les yeux et voyons sur une falaise voisine, un petit hameau, semi désertique. C’est beau ! Mais il faut continuer. En bas de la descente, nous sommes à la Roque Saint Marguerite, nous traversons la Dourbie.


Troisième difficulté de la journée. Je montre tranquillement en marchant, bois et mange. Nous arrivons maintenant en haut du causse du Larzac. Cela me rappelle des souvenirs.
 Voilà une dizaine d’années, j’étais venu en vacances par ici et, par hasard, au hameau de Montredon, à 7 ou 8 km d’ici, j’avais vu une vedette, le patron des lieux, en bottes, en train de nourrir ses animaux, José Bové. De même, dans une ferme avoisinante j’avais trouvé un super pastis, le « pastis des Homs ». C’était il y a longtemps.

Retour à la course. Le3e ravito est en vue. Pierrefiche, 48,5 km en 6h21mn (916e). Il me reste 23 kms. J’avais prévu 12 heures de course, j’envisage l’espoir de finir en moins de 11 heures.  Le soleil pointe le bout de son nez. Les copains qui ont fait le 29 ou le 40km hier sont là. Ils m’encouragent, tout va bien. Au ravito, j’essaie de retrouver les barres aux amandes si délicieuses que j’avais prises à Saint André de Vézines, en vain. Dépité, je repars.


Je trottine quelques kilomètres sur le causse. Des petites douleurs apparaissent. Au bout de plus de cinquante km, s’est normal. S’ensuit la descente, un peu longue. Nous revenons au dessus de la Dourbie. L’allure est bonne. Cependant, le long sentier, étroit, en devers, commence à me faire mal. Sensation bizarre. Il est long ce sentier au dessus de la Dourbie. Nous abordons une montée. Je sais qu’elle est nouvelle par rapport aux éditions précédentes. Sur le papier, elle est courte. Dans les faits, elle m’use. Je ralentis. Pourtant pas dure mais j’ai du mal. Enfin, en haut. Vivement la descente. Mais celle-ci aussi me fait mal. Les crampes sont là.

Je vois le pont sur la Dourbie, puis le hameau : Massebiau. J’ai mal. Je passe le hameau. Au loin, je vois Millau et le viaduc. 60e km, reste 12km. Mais quels kilomètres ! J’entame la montée. Quelques hectomètres. Mal. Je titube. Un spectateur me demande si ça va. Non ! Ca ne va pas. Je continue. Les jambes sont bloquées. 3 km de montée, je ne pourrai jamais. Je m’arrête, m’affale sur le flanc de la colline. Au fait, depuis combien de temps, j’ai mangé ? Je ne sais pas, je ne sais plus. Envie d’abandonner. Cela ne m’est jamais arrivé.

Je suis assis, les coureurs passent. Je prends un gel anti-crampe, j’aurai dû le faire plus tôt. Je repars, gémit. Cinquante mètres. J’arrête. Un coureur me lance, de façon péremptoire : « Allez ! On monte ». Il a raison. J’essaie de suivre.  Je ne le suis pas, mais j’avance. Péniblement. Par à-coups. La côte est longue. Je me fais doubler. Je suis un zombie en marche. La côte durcit encore. Je n’aime pas les bâtons mais j’avoue que là, ça m’aiderait bien. Le haut est abrupt sur quelques centaines de mètres. Je suis à quatre pattes. C’est long, c’est lent, c’est dur. Interminable !  Enfin, en haut ! Des spectateurs nous disent que le ravito n’est pas loin. Plus d’un kilomètre en claudiquant, là où les autres courent. Là-bas, la ferme du Cade, le ravito, enfin.

J’y suis, je mange, prend une soupe, me réchauffe. Je suis pris de tremblements. Il y a un coin avec des bancs. Y sont assis d’autres zombis comme moi. J’y reste un bon quart d’heure. Bon, faut pas rester là, sinon je vais y mourir. Je reprends un gel anti-crampes.
Je repars, passe le tapis qui calcule les temps intermédiaires. 9h47mn de course (976e). Il reste 7,5 km, soit dans mon état au moins 2 heures de course. De marche plutôt. J’essaie bien de courir sur le causse mais les jambes ne veulent pas. Malgré tout, je sais maintenant que je peux finir en gérant mes douleurs. Au bout de 10 mn, je vomis ma soupe. Déchéance.

Arrive l’avant-dernière descente. 200 m de D-. En plus, ça glisse. Il doit faire 2 degrés. Le sentier est raide et boueux. Fin de descente. Replat mais je ne peux toujours pas courir. Maintenant, c’est un flot continu de coureurs qui me double. La dernière montée arrive. Je vois là-haut l’antenne téléphonique. C’est un mur qui se présente à nous. Sans vergogne, tant pis pour le style ou ma fierté, je monte à quatre pattes puis sur la fin je rampe le long des hautes « marches » pierreuses. Au moins, je n’ai pas de crampes aux bras. Dernière escalade. L’antenne est là. Tout à coup, un vent violent survient. Il balaie tout le haut du causse. Ne pas rester là pour ne pas attraper froid.


Je peux courir un peu sur le replat. Cela ne dure pas longtemps. La dernière descente arrive. Encore plus boueuse que la précédente. Je laisse passer les coureurs. Une petite montée. Voilà la grotte du hibou. Une vingtaine de mètres dans ce sombre tuyau. Une grosse marche au milieu. Je manque de tomber, m’accroche à la paroi. Sortie de la grotte et tout de suite la descente. En fait, un toboggan de boue. Pour descendre, il faut s’accrocher aux arbres. Je ne prends pas de risques, me fait doubler encore et encore, n’hésite pas à descendre deux ou trois passages sur les fesses. Ca me rappelle le glacier de bellecôte sur la 6000D. La descente en sous-bois dure bien vingt minutes. Puis tout à coup, je vois des champs. Des spectateurs nous disent qu’en trottinant, il reste un quart d’heure maxi. 11h40mn de course.

Allez ! Je vais essayer de finir en moins de 12 heures. Je me remets à courir, pas vite mais au moins je cours. Le sentier est large. Je me fais encore un peu doubler. Je vois maintenant l’arrivée, un petit muret à sauter. Gamelle devant les spectateurs. Ridicule jusqu’au bout. Cent mètres de bitume. Arrivée. 11heures52mn. 1156e. Fin de partie.


Les autres copains sont arrivés depuis bien longtemps (Patrick 234e en 9h14 ; Julien 252e en 9h17 ; Bruno 284e en 9h24 ; Eric 295e en 9h25 ; Claris 483e en 10h10 ; Vincent 670e en 10h41) Même Urbain, qui était mal au trentième km, arrive trois minutes après moi.
Après analyse, pour la première fois, je sais que j’ai atteint ma limite.
Moi qui rêvais d’ultra, je sais qu’il me faudra patienter. Ma défaillance est sûrement d’abord due à une mauvaise alimentation. Il va falloir que je me construise un protocole alimentaire strict car sur les longues distances, ce paramètre est primordial, je viens de l’apprendre à mes dépens. Il va aussi falloir que je travaille beaucoup mon renforcement musculaire et ma VMA.
Pour l’heure, après un hiver qui va me servir à revoir et à travailler mes fondamentaux, je pense orienter ma saison 2013 sur des courses plus courtes pour reprendre de la vitesse (ça fait plus de deux ans que je n’ai pas fait un 10 km), tout en incorporant le marathon du Mont-Blanc (en juin) et un marathon en fin de saison.
Je ne renonce pas à un 80 km en 2014 en tirant les enseignements de la grande course des templiers que je viens de faire. Cette course n’est pas un ultra-trail. Elle n’en est pas moins terriblement difficile.




lundi 17 septembre 2012

Hommage à la course de Saumur-Champigny


Fort tôt, en ce beau matin, nous nous retrouvâmes sur la place du village. Tout le monde était là. La chef de la tribu (parce que nous, on a une chef) avec sa gouaille habituelle nous intima l’ordre de partir. Alors,  nous attelâmes nos trois charrettes pour s’en aller loin de nos contrées. Après quelque temps de voyage, nous arrivâmes dans ce pays de cocagne où pousse la vigne : Saumur-Champigny.

Y a-t-il un marché pour qu’il y ait tant de badauds ? Non, pas du tout. Toute cette foultitude n’était là que pour un seul évènement : les foulées de Saumur-Champigny. Il n’était point question ici d’arènes, de gladiateurs ou de fauves affamés mais simplement de course à pied.

Mais quelle course à pied ! Le défi consistait à courir environ quatre lieues (soit pour les hommes du futur, 17,4 kms) mais aussi et surtout à passer les ravitaillements « gastronomiques ».

« Oyez !  Fiers coureurs, préparez-vous à affronter les sentes, les venelles et autres chemins de l’Anjou, à travers vignes et coteaux. »
Notre tribu se mit en place, loin de la ligne de départ, laissant les premières places aux mangeurs de bio et autres buveurs d’eau. D’autres tribus firent comme nous.  Ainsi des marsupilamis, des « dupont et dupond » et autres arlequins.

Le clavecin libérateur lâcha la horde sauvage. En fin de peloton, notre équipée s’élança. Nous partîmes douze…
Pour nous reconnaitre, notre chef avait eu l’idée de nous affubler d’un chapeau rouge et d’une cravate garance, assortis à la couleur de notre tunique sur laquelle, fièrement, était apposé notre blason (logo pour les hommes du futur) : « Foulées d’étival ».
Nous calâmes nos pas sur Dame Sylvie, novice sur une telle distance. La gente féminine était également représentée par Dames Katia, Laurence, Marie-Pierre et bien sûr notre vénérée chef Martine. La gente masculine était composée de Monseigneur Eric, mari de notre vénérée, Anthony, époux de Dame Sylvie, des sieurs Jean-Michel, Laurent et Patrice. Complétaient la petite bande, notre sage Jean louis et moi-même qui étions équipés de boites à images dans le but d’immortaliser l’aventure.

Dame Christiane, épouse de notre sage, faisait partie du voyage mais n’avait point voulue enchausser ses sandales de sport, préférant, telles les femmes de marins qui, fébrilement, attendaient le retour au port de leurs bienheureux, patienter près de la zone de départ, qui faisait aussi office d’arrivée.

Nous trottinions donc  en compagnie d’une policière américaine, d’un prisonnier, de clowns, de fées, de personnages plus ou moins identifiés. D’autres étaient simplement déguisés en coureurs à pied.

Les Dupont et Dupond étaient proches de nous à la recherche du trésor de Rackham le (verre de) rouge.
La maréchaussée veillait sur le bon déroulement de l’épreuve. Bientôt arriva la première halte. 
En mon for intérieur, je m’étais lancé le défi de ne point boire d’eau durant l’épopée. Je doutais  que d’autres dans l’équipée, notre ami Patrice notamment, avaient eu la même ambition. D’une lampée, je bus l’hydromel puis dégustais autres saucissons et boudins. Puis nous repartîmes.

 Pour peu de temps. Assez rapidement, au hameau de Chaintré, se trouvait une nouvelle taverne à ciel ouvert. Patrice, connaisseur, nous indiqua que le meilleur Saumur-Champigny se trouvait Là. Nous goûtâmes donc le précieux breuvage accompagné cette fois de rillauds.
Comme des troubadours animaient le lieu en musique, plusieurs de nos amis se mirent à danser carmagnoles et farandoles.

Sur ordre de notre vénérée, nous reprîmes la route ou plutôt le chemin qui, droit dans les vignes, nous emmenaient vers une poterne.  Passée celle-ci d’autres chemins serpentant entre vignes et forêts s’offraient à nous.
Nous arrivâmes devant un château. Le porche était ouvert, deux coureurs  qui nous précédaient, s’étaient aventurés mais visiblement, le marquis du coin n’était point d’accord avec cette affaire et raccompagnait nos deux manants. Nous longeâmes donc sagement la bâtisse.

Plusieurs jeunes femmes arboraient le blason d’une tribu venue des Sables d’Olonne, une contrée lointaine du ligérien océanique. Sieur Jean-Michel ayant beaucoup voyagé, avait fait partie de cette tribu voilà quelques années. Ce fut prétexte pour prendre conversation avec les belles.

Nous avions maintenant dépassé le milieu de cette course. Sylvie tenait bon, nous aussi.
Puis une pancarte annonça « Ravitaillement à 100 mètres ». Nos papilles se mirent en action. L’élixir était proposé dans de magnifiques verres, on ne pouvait refuser. Notre ami Laurent s’en délecta.
Les dames prirent un peu d’avance, préférant l’eau au vin. Sur ce, de bon pied, la gente masculine repartit afin de rattraper nos amies. Sur la lancée, afin de nous dégourdir les jambes, quelques hommes, dont votre serviteur, continuèrent d’accélérer.

Jusqu’à revenir sur une demoiselle vêtue d’une jupette à damier blanc et noir, tels les drapeaux d’arrivée des 24 heures (célèbre course de chars). La tunique laissait deviner un joli séant.


Dans un souci d’élégance et afin de ne pas offenser la belle, nous décidâmes, sans besoin de mots, de rester derrière. L’allure fût donc réduite.

Une longue côte s’ensuit. Nous rattrapons deux quidams vêtus à la mad max, tels des guerriers venus d’ailleurs en quête de quelque guerre picrocholine. Ils venaient surtout du dernier ravitaillement où ils avaient passé une longe halte.

Ayant pris quelques longueurs d’avance sur nos équipières, nous fîmes une haie d’honneur et, à chaque passage de coureur, composâmes une « ola » d’encouragement. Cela dura un temps. Le groupe s’étant reformé, trottinage reprit.
Plus loin, en remerciement de nos encouragements, les belles des Sables d’Olonne nous saluèrent d’une même « ola ». Le soleil était chaud maintenant.

Nous nous retrouvâmes une nouvelle fois au hameau de Chaintré. Nous ne devions pas être dans les premiers (on s’en doutait un peu) car les tablées n’étaient plus bien garnies. Une amphore de petit rosé pétillant s’offrit à nous pour nous rafraîchir. Dame Katia apprécia.

Nous repartîmes en compagnie de la tribu Suzeraine, des voisins à nous. D’ailleurs, Martine, qui connait tout le monde, connaissait l’un d’entre eux, le conquérant Guillaume, qui avait l’air d’être un homme de joyeuse compagnie.

Quelques-uns d’entre nous prirent quelque avance pour aider à la digestion. Nous arrivâmes à la cave. La descente était douce, il faisait frais. Puis nous serpentions dans l’immensité obscure, seulement éclairée de lanternes « électriques » au sol. Nous arrivâmes au pied de l’escalier, 60 marches à grimper puis le soleil nous éblouit.  Nouvelle haie, nouvelle « ola » puis, groupe reformé, direction la dernière halte gastronomique. Deux petites lampées, du fromage. C’était bon.
Une photo du groupe avec la boite à images. Puis longue traversée du village. Nous étions proches de l’arrivée. Nous nous mirent en forme de farandole, main dans la main, et Dame Sylvie en tête, nous franchîmes, avec brio et en chantant, la ligne libératrice.…Nous arrivâmes douze.

Le sablier mécanique que je portais au poignet indiquait  2h 15mn. Mais peu importe le temps. Le ravitaillement était là. La chaleur, notre bonne humeur et nos haltes gourmandes nous avait donné soif. Enfin de l’eau !

Le sieur Anthony, entraineur d’une équipe de soule (jeu de ballon de cuir) et moi-même devions repartir rapidement. A’ regret, nous abandonnâmes nos compères.
Ils finirent leur journée en festoyant, attablés à l’ombre d’un grand chêne, se contant maintes fois et de maintes façons leur belle aventure.

Pour sûr, d’autres suivront.

dimanche 19 août 2012

Le Canigou: Montagne sacrée ou dent des fadas?


C’était en mars 2007. Avec Christelle, nous descendions sur Barcelone où j’allais faire le marathon. Sur l’autoroute, arrivé près de Perpignan, j’ai aperçu cette montagne coiffée de blanc dessinée sur le ciel bleu de l’hiver et qui dominait tout. C’était le Canigou.  Impressionné, je me jurais de monter en haut de cette montagne un jour. Dès l’été suivant, nous passions nos vacances en Cerdagne, près de Font-Romeu et nous en profitions pour faire l’ascension en randonnée en passant par la célèbre « cheminée ». Et c’est lors de ce séjour que j’ai appris qu’il existait une course bien particulière, fierté des Catalans : le championnat du Canigou. Son principe est simple, on part de Vernet les bains (650 m d’altitude), on monte au Canigou à 2785 mètres d’altitude (18Kms et 2180 m de D+) et on redescend à Vernet en 16 Kms, soit 34 Kms. L’idée de faire cette course était née.

Cinq ans plus tard, me voilà, ce matin à Vernet, le jour se lève à peine. Il est 6h30, une quinzaine de coureurs sont partis. Ils font la course avec 8kgs de lest dans leur sac à dos, en mémoire d’une vieille tradition locale où, au début du 20e siècle, des habitants de Vernet étaient payés pour gravir le Canigou afin d’aller chercher des blocs de glace pure pour rafraîchir l’apéritif des riches curistes de la station thermale de Vernet. Et oui !! Jusqu’où peut aller l’exploitation des êtres humains.

Il est presque 7heures. Plus de 800 coureurs sont au départ. Je suis sans stress particulier. Je vois bien que la grande majorité des engagés sont catalans. C’est « leur » course. Départ à mi-peloton, les 500 premiers mètres cool puisqu’on ne peut pas doubler puis direction Casteil par la route communale. La route s’élève gentiment, je commence à doubler, au train. 2km de route puis après Casteil, un chemin qui s’élève de plus en plus. Rapidement, je passe en mode marche active quand beaucoup de coureurs courent encore mais je vais quasiment aussi vite qu’eux. Arrivée au col de Jou, tout va bien même si le rythme global est assez rapide.

Direction Les Marialles par un sentier rude. Maintenant, tout le monde marche. Je suis entouré de plusieurs coureurs dont trois féminines. Ici, tout le monde les connait puisque, à chaque fois que l’on rencontre des spectateurs-randonneurs, ceux-ci les encouragent : « Allez Nadia, allez Pascale, allez Christelle ». Le sentier rude dure une couple de kilomètres avant d’arriver sur la large piste qui permet d’alterner course et marche. Je reconnais cette piste, c’est par là que nous étions monté en randonnée avec Christelle voilà cinq ans.  Je suis une des féminines, les deux autres prennent une trentaine de mètres d’avance. Nous arrivons maintenant aux Marialles en 1h17mn, plus de 1000 m de D+avalés. Je suis bien.

Je ne m’arrête pas aux ravitos car j’ai pris le nécessaire. Nous prenons maintenant le single en légère descente. Le rythme s’accélère. La prochaine étape est la cabane Arago. J’essaie de suivre les coureurs qui me devancent. J’ai toujours mes féminines en ligne de mire cependant le chemin devient plus dur, nous traversons  une succession de pierriers. Au bout d’un long moment, je vois la descente sur le ravin qui permet de traverser le ruisseau. Le rythme élevé commence à me peser. S’ensuit une montée qui me fait mal aux jambes puis nous nous remettons  à courir. Enfin, j’aperçois la cabane Arago. J’y suis en 2h08 mn, altitude 2180 m. Je m’arrête au ravitaillement pour boire, manger mais aussi souffler. Je prends un gel anti-crampes et c’est reparti.

 Montée en marche active sur la pelouse du pla Cady et je vois la longue file indienne de coureurs. J’ai l’impression qu’ils sont des milliers. J’ai un coup au moral, je suis parti assez rapidement (trop sans doute), j’ai mal aux jambes et j’ai l’impression (fausse) d’être à la fin du peloton. Sur la gauche, on voit maintenant le haut du Canigou. La pelouse fait rapidement place au minéral. Pour l’instant, le chemin en lacet est bien dessiné sans trop de grosses pierres. Je vois toujours deux de mes féminines, trois ou quatre lacets plus haut, qui ont pris le large. Mais progressivement, la pente durcit et le chemin laisse place à un immense pierrier. Ca y est ! Je sens les crampes arriver.

M….. Obliger de ralentir. Certains coureurs commencent  à me doubler. Je vois la cheminée là-bas. J’entends aussi les clameurs des spectateurs qui nous attendent là-haut. A’ causes des crampes, au lieu de passer le pierrier, fait de gros blocs de pierres, sur mes deux jambes, je suis obligé de m’arc-bouter et de m’aider de mes mains. Lent et ridicule. En mon for intérieur, je peste. Je suis minable. Avoir des crampes là. Au cours de la descente, oui, c’est normal mais pas maintenant. Je ne peux  même pas profiter d’une belle montée de la cheminée. Bien sûr, j’y arrive et je la monte cette cheminée mais sans enthousiasme, en gérant mes efforts pour ne pas amplifier les crampes.  Le passage vertical et vertigineux est étroit. Heureusement, sans trop bouchonner,  chacun passe à son tour, gentiment, accroché à son bout de rocher en attendant le passage. J’y suis en 3h11Mn, je voulais faire moins de 3h. Le pic n’est pourtant pas large mais il y a un monde fou. Il y même un mini ravitaillement. Un organisateur me tend un bout de pain d’épice, je prends. Un autre nous indique la descente. Pas le temps d’admirer le paysage. Ne pas rester pour ne pas causer de bouchon.

J’entame la descente doucement.  J’ai lu et entendu plein de choses effrayantes sur cette descente. Il y a pas mal de pierres mais moins qu’à la montée. Rapidement, un vrai sentier se dessine. Je prends un petit rythme en essayant de rester souple. Je me fais doubler mais ce n’est pas grave. Un spectateur averti, isolé, m’indique que je suis 302e. Même si ce n’est pas trop glorieux, cela me remonte le moral. Je ne sens plus les crampes mais je sais qu’il ne faut pas que je tape dans les pierres où qu’il y ait trop de rupture de pente. Je trottine, arrive au pic Joffre. Le sentier continue, devient moins minéral. Je prends mon 2e gel anti-crampes.

Je continue ma progression. Je ne me fais presque plus doubler. J’essaie de rester souple. Enfin arrive le refuge des Cortalets. Un groupe d’une dizaine de coureurs sont au ravitaillement. Je m’arrête brièvement puis repart. Je suis 3e d’un groupe de 6 coureurs. Le sentier est monotrace, descend fortement mais sans à coup et sans pierre. Un bon rythme s’installe. Nous le maintenons trois ou quatre kms puis un coureur lâche prise. Le rythme commence à me peser. Je laisse les quatre autres partir. Ils ont une cinquantaine de mètres d’avance lors de l’arrivée au ravitaillement de Balatg, déjà près de de 8 kms de descente et 1200 m de dévalé. Il en reste presqu’autant.
 Arrêt rapide au ravito. Il y a un groupe. Je repars seul  vers une large piste. Ne voyant personne ni devant, ni derrière, j’ai un doute. Me suis-je tromper ? J’attends quelques secondes, arrive un coureur. C’est bon, je repars. D’autres nous rejoignent. La descente de la large piste dure un bon moment. J’ai du mal à suivre le rythme mais m’accroche au petit groupe. Le soleil tape dur maintenant. Puis, d’un coup, finie la large piste. Place à une descente d’enfer, monotrace, presque des escaliers, avec de la pierre. Aie, Aie, Aie. Comme on dit, c’est « casse-gueule ». Nous sommes dans la garrigue et nous descendons tout droit dans la montagne coupant de temps en temps la large piste où nous étions auparavant. Ils appellent ça « l’échelle de l’ours ». Le passage est dur. Je sens les crampes revenir. Je descends doucement.
Nouveau ravito, cela ne manque pas sur cette course. Juste un coup d’eau, je ne m’attarde pas, je repars. Nouvelle descente pleine de pierres. On longe un torrent puis le traverse. J’ai mal. Puis une montée, brève, peut-être 200 m maxi,  mais dure, je m’aide de mes mains au départ. Les crampes sont là, le mal est lancinant. Un petit chemin monotrace et roulant permet de souffler. Il doit rester à peine quatre kms. Un coureur me dit qu’il reste juste une descente et c’est fini. Mais j’ai lu que cette descente était difficile. Elle arrive. En fait, c’est un large chemin, à l’ombre, sans trop de pierres mais raide. Je cours mais chaque pas tétanise les quadriceps. Elle n’en finit pas cette descente. J’en ai marre, je n’ai pas de plaisir. Enfin, le goudron. Une petite route, toujours en descente. Il doit rester 2 kms.

J’ai envie de marcher pour soulager mes muscles mais je continue de courir car je me dis, plus vite j’arriverai, plus vite ce calvaire sera fini. J’entre dans Vernet. Le kilomètre restant pour rallier le centre me paraît interminable même si des dizaines de spectateurs nous encouragent. J’entends le micro d’arrivée. La foule des spectateurs est dense. Je vois le photographe de service, j’essaie de sourire. Arrivée. Top. Fini. 5h 04 mn 29s. Je voulais finir en moins de cinq heures. Déçu. C’est vraiment une course de fadas. Sur le coup, pas envie de la refaire.
Et puis, direction le repas d’après course. J’ai faim. Sous l’ombre des arbres, je me retrouve à table avec deux coureurs des Pyrénées Orientales qui ont fait le marathon du Mont Blanc, puis un coureur d’ultras (grand raid des Pyrénées) qui vient de Limoges et un voisin d’Alençon qui vient de faire son premier trail de montagne. Nous échangeons nos expériences. Sympa.

Deux jours plus tard, en lisant le journal local, je prends connaissance de mon classement : 305e sur 799 arrivants. Je regarde les féminines et je vois que Pascale finit 134e en 4h33, Nadia 148e en 4h36 et Christelle 172e en 4h40. Selon le journal, Nadia prépare la Diagonale des fous. En fait, je n’aurai pas dû être avec ces féminines dans la montée, je suis parti beaucoup trop vite. J’ai mal géré. Beaucoup de coureurs catalans font de cette course leur point d’orgue de l’année. Ils ont plusieurs participations  à leur actif. Ils savent la gérer. C’est leur course, c’est leur montagne sacrée. Alors, même si je ne suis pas catalan, j’y reviendrai peut être un jour.

mercredi 4 juillet 2012

Le trail du belvédère: Matinée ludique à Chemiré le gaudin (72)


(Merci à notre photographe Patrice)

Ils sont décontractés, les coureurs, ce matin dans le village de Chemiré le Gaudin. Il faut dire qu’il fait beau mais pas trop chaud. Je retrouve les amis du club des « foulées d’Etival ». Il y a là Laurent et Anthony qui feront le 13 km comme moi, mais aussi Martine, notre Présidente, les deux Eric, Sandrine, Cassandre, Katia, Laurence et bien sûr le grand Nico qui feront le 7 km. Seul, le jeune Julien s’attaque au 21 km.
J’aurais bien fait le 21 km mais je suis en reprise d’entrainement en vue du championnat du Canigou alors je viens juste pour me faire plaisir et reprendre un peu de vitesse.

9h30 : la cinquantaine de traileurs du 21 kms s’élancent. Maintenant, les coureurs du 13 km se rapprochent de la zone départ. Des petits groupes d’amis coureurs se forment, ils discutent entre eux. On ne sent pas trop l’esprit compétition en ce premier jour de juillet. Tout à coup, presque par surprise, on entend le bruit du starter départ, la course est lancée. Beaucoup de coureurs, dans l’urgence, appuient sur leur chrono ou leur GPS. Anthony s’échappe pour rejoindre les premiers. Je le suis à quelques encablures puis stabilise ma vitesse. Ne pas partir trop vite. Nous faisons d’abord un tour du village. Après 800 m, nous repassons près du départ et j’entends le speaker une trentaine de mètres devant moi annoncer Natacha Lacorre, la première féminine. Nous quittons le village et j’entends Martine m’encourager : «  Allez Pascal, il y a des belles filles, devant ! ». Alors, j’accélère. Sur vingt mètres.

Arrive la première côte. Je vois les deux premières féminines dix mètres devant moi. La côte longe les murs du château de la Sauvagère. Je monte sans forcer. Malgré tout, je reviens sur les deux jeunes femmes. Je suis sur leurs talons en haut de la côte. Suit un large chemin herbeux, je double les demoiselles.
J’arrive dans le bois du belvédère. Il y a un coureur quinze mètres devant. Nous sommes dans un chemin forestier en faux plat montant. Je n’essaie pas de le rattraper. Je me sens bien, je ne force pas. Nous arrivons au belvédère. Puis nous entamons une descente toute droite. J’essaie de revenir sur le coureur. Une  épingle à cheveux. Nouvelle descente. Je reviens sur le coureur au moment où nous entamons la montée dans un chemin creux. Deux cents mètres de montée. A’ l’aise, je ne cherche pas à doubler. Haut de côte. Tiens!  On ne prend pas le même chemin que les années précédentes. Je passe le coureur et reviens dans la descente sur deux autres. 


Je connais bien la montée qui suit. Je l’ai faite cet hiver en préparation du trail des piqueurs. On monte correctement. On revient vers le belvédère, je double les deux coureurs. On sort maintenant du bois et passons  le long de la lisière par un pré fraichement coupé. Tout à coup, deux coureurs me doublent très vite. Je comprends que ce sont les premiers du 7 Km. Leur circuit ne fait  pas les côtes du bois du belvédère. Premier ravitaillement, je zappe
.
On entame une descente que je connais bien (toujours la prépa des Piqueurs). Je suis à l’aise. Le grand Nico qui fait le 7 km me passe. « Allez Nico ».


Au bas de la pente, épingle à droite et on attaque une série de prairies. Pas de chemin, il faut lever les jambes un peu plus haut. On passe un ruisseau sur une simple planche. Re-prairies. J’ai quelques coureurs  30 mètres devant moi. Je garde mon tempo, 4mn 40 au km. On retrouve le circuit des 7 Kms. Nouvelle prairie puis légère montée, on retrouve un chemin. Je reviens à quelques mètres de coureurs. Nouvelle épingle à cheveux puis nous entrons dans un bosquet. Single avec racines. Prudence. Sortie du bosquet et j’arrive devant le passage du ruisseau. Il y du monde. Un mélange entre les coureurs du 7 et du 13 km. 


Allez, on se mouille les pieds. 2e ravito, je zappe encore. On attaque maintenant des petits sentiers sombres tournoyant dans un bois touffu. Je suis derrière un jeune traileur dynamique.

A’ la sortie du bois, nous arrivons au château des belles-filles. Un ancien me rattrape. Il a le mollet sûr. Ainsi qu’un autre jeune. Nous sommes quatre. Nous entamons la descente mais contrairement aux années précédentes, nous bifurquons vers la lisière d’un champ de maïs coupés (de l’année dernière, je suppose) Il reste des tiges de maïs  hautes d’à peine dix centimètres, il vaut mieux les éviter. Fin de descente. Panneau « arrivée 1km ». L’ancien a déjà 20 mètres d’avance. Un des deux jeunes dit à l’autre « allez, on finit ensemble ». Et ils accélèrent. Je les suis ? Non, je suis bien, mon but aujourd’hui, c’est le plaisir. Et je n’ai pas envie de me mettre les cuisses en feu.

500 mètres, je vois Marie-Pierre qui vient de faire le maraisthon (du côté de Niort) et qui est venue nous encourager ainsi que Patrice, notre V2 (3h13 au marathon quand même) qui n’aime pas  les trails mais qui nous prend en photos.
Dernière descente. Nico est arrivé « Allez Pascal ». J’accélère, c’est facile.


Terminé. 12km600 au GPS (12km450 l’an passé). 59 mn 04 sec (25e sur 162 coureurs). Sans forcer, bonnes sensations. Je suis content.

Les autres copains et copines arrivent. Seule Martine a trébuché, sans mal, juste de la terre sur les mollets.


Nous faisons une photo de groupe «  les traileurs d’étival ». Puis nous allons chercher notre cadeau : un véritable pot (en poterie) de rillettes. Sarthois, quoi.
Vraiment une belle matinée ludique.
Un beau petit trail d’initiation avec un joli parcours bien dessiné. Merci les organisateurs. A’ l’année prochaine.

samedi 26 mai 2012

Les 43 kms de l’oxygen challenge : un vrai beau trail de montagne.


Superlioran, 1250 m d’altitude. L’appartement où nous logeons est juste en face la prairie des Sagnes, lieu du village départ-arrivée de l’oxygen challenge. Cette formule allie plusieurs courses de trail et de VTT sur 3 jours. J’ai choisi le trail de 43 kms.
Hier, le ciel était complétement bouché, impossible d’y voir à plus de 300 m. Impossible donc d’y voir les hauts de la montagne, là où nous allons courir. Ce matin, en ouvrant les volets, j’ai une appréhension mais non, même si le ciel est gris, au moins la vue est dégagée et nous apercevons tout là-haut la gare d’arrivée du téléphérique du plomb du cantal à 1855 m d’altitude. Nous voyons aussi les langues de neige qui persistent à certains endroits de la pente.
De l’appartement, je vois le départ des vététistes qui vont faire 85 kms dans la montagne. Il est temps de descendre, le départ est dans une demi-heure. Les traileurs arrivent, peu s’échauffent. Nous entrons dans le sas départ, dernières consignes de l’organisateur. Cinq, quatre, trois, deux, un, c’est parti !
200 mètres de plat, je vois Christelle, avec Titouan, qui me prend en photo. Un petit coucou, puis nous attaquons la montée par une piste de ski. 


J’ai décidé de partir doucement dans la deuxième partie du peloton, je ne force pas. Malgré tout au bout de 10 minutes, j’allonge le pas, commence à doubler quelques coureurs, je sens mes muscles se tendre. Une pluie fine s’invite, suivie de la grêle, ça commence bien. Heureusement, cinq minutes après tout se calme. 
Nous quittons la piste de ski pour une prairie où la pente est forte. Nous arrivons sur un replat où nous pouvons courir. Cela ne dure que 200 mètres avant d’affronter une montée, droit dans la pente, à 30 ou 40 % où s’invitent  les pierres. Premières douleurs musculaires et lombaires. Le souffle est court. Nous atteignons un genre de chemin très pierreux mais moins pentu, qui doit servir de piste de ski. Par endroits, les névés bouchent presque tout le passage. La gare d’arrivée du téléphérique approche. 



Ca y est, j’y suis ! Tout à coup, un vent violent arrive. Nous sommes sur la crête, il reste trois cents mètres faciles pour atteindre le plomb du cantal, il y a même des marches. 3,3 kms et 600 m de D+ en 45 mn. Le vent latéral est violent et continu, je préfère prendre ma casquette à la main. Le paysage est grandiose, je prends juste quelques secondes pour respirer et admirer la vue à 360° mais pas le temps de s’arrêter voir la table d’orientation. Deux coureurs s’arrêtent et prennent des photos.
S’ensuivent 8 kilomètres de vrai bonheur. 8 kms de sentier parfois pierreux puis, assez rapidement de pelouse sur la crête de la montagne, le tout en légère descente.  Le panorama est magnifique, maintenant le soleil arrive, il restera toute la journée. Seul le vent latéral incommode mais on s’y fait. Sur la pelouse de montagne, souple, en descente douce, je n’ai pas l’impression de courir mais de voler. Pas ou peu d’effort à fournir, pas de douleur musculaire ou articulaire, le rêve.  Je regarde mon GPS, je suis à 4mn au kilo, sans forcer. Par précaution, je ralentis un peu quand même. J’ai l’impression que tous les coureurs que je vois devant ont la même sensation, ils volent littéralement sur la prairie et se font plaisir. Un conseil : faites ce trail juste pour cette partie du parcours qu’il est difficile de retrouver ailleurs. Génial.
Arrive le buron de la tuillière au 12e km, premier ravitaillement. Ayant mes propres gels et barres énergétiques, je décide de zapper celui-ci pour gagner du temps. Maintenant, nous entamons la descente. Au traileur qui m’accompagne, je lui dis le plaisir de courir sur la crête, il me répond avé l’assent du midi : « ça cache quelque chose ! ». Je continue la conversation. Il me répond invariablement : « ça cache quelque chose ! ». Comme il descend bien, je décide de le suivre. 3 km de descente, on double quelques concurrents. 
Une remontée courte mais drue. On passe en mode marche. Deuxième partie de descente, je ne peux pas suivre mon collègue. Deux, trois coureurs me dépassent. Arrive le bas de la pente et une route goudronnée, nous passons sous la nationale puis au dessus du ruisseau de la Cère. Nous avons dévalé plus de 1000 m depuis le plomb du cantal. 
Nous entrons dans Thiezac et commençons la remontée dans les rues du village.  18kms et 2h10 de course. Je sais que Christelle m’attend à la sortie du bourg. Je la vois en effet avec Titouan. Je ralentis pour qu’elle me prenne en photo. Je m’arrête, lui dis le plaisir que j’ai eu, que pour l’instant tout va bien, lui fais un bisou, ainsi qu’à mon petit Titouan puis repars.
Le sentier est maintenant étroit et monte fermement. Un concurrent ou deux devant avancent difficilement et créent un bouchon. Une file d’une bonne dizaine de coureurs se forme. Je pourrai monter plus vite mais me dis : autant profiter du bouchon pour monter tranquillement et préserver mes forces. Nous passons devant une espèce de grotte, nous ne pouvons toujours pas doubler. Je suis derrière un coureur plus âgé que moi, je ne vois que ses chaussures bleues et son k-way noué autour de la taille qui forme une espèce de jupe. Bizarre d’avoir pris un k-way juste pour les quelques gouttes du départ. Après une bonne douzaine de minutes, nous arrivons devant un petit portillon qui donne sur un pâturage. Enfin ! Chacun se libère et reprend la montée, raide, à sa vitesse, au milieu des gentianes. Nous arrivons au ravitaillement de la ferme des trielles que je « grille », comme le premier. La montée dans les pâturages qui deviennent pelouses continue. Nous passons un buron abandonné où deux randonneurs pique-niquent. Nous sommes en haut de la deuxième montée.

S’ensuit une descente sèche mais régulière. Mais voilà, assez rapidement, j’ai mal aux jambes. Je ne sais pas descendre. Plusieurs coureurs me passent. J’ai mal, me crispe. Put… de descente ! Elle est longue cette descente. Et dire qu’il faudra remonter tout ça. Nous arrivons sur un chemin herbeux, moins pentu mais humide. Le traileur devant moi essaie d’éviter les flaques, donc ralentit. Je passe devant et cours bien dans les portions humides en prenant soin de ne pas m’enfoncer. Il a compris, fait comme moi, plouf ! plouf ! Tant pis pour mes Adidas Riot. Tant pis pour ses Salomon Wings. 
Nous arrivons à la cascade du Faillitoux au 25e km. Il y a pas mal de spectateurs qui nous encouragent. Avant la cascade, il y a un ravitaillement. Je m’y arrête pour remplir mes bidons, boire un peu et chiper deux ou trois bouts de banane, ça change de mes gels.
Puis nous passons la cascade en s’agrippant à la corde de sécurité, les pieds dans l’eau bien sûr. Le coureur qui était avec moi me dit : « ça nettoie les chaussures ! ». Je le sens rassuré de savoir ses chaussures propres.
 Commence une remontée dans la forêt. Puis une descente dans un pré. J’aperçois loin devant, très haut, le pic de l’Elancèze. Qu’il est loin. Et dire qu’il va falloir monter là-haut. Nous remontons par la forêt puis débouchons sur un nouveau pâturage. La pente est féroce, au moins 30%. J’ai mal aux cuisses. L’Elancèze est toujours aussi loin. J’avance doucement, les autres coureurs aussi. C’est frustrant car d’habitude, ce genre de pente très raide, on l’a sur les pierriers proches des sommets et non pas sur un quelconque pré. Mon moral en prend un coup. Nous entrons dans une hêtraie. La pente reste dure. Il n’y a pas de chemin. On monte droit devant. A’ la sortie du bois, tout à coup, le sommet parait plus proche. De plus, on retrouve un sentier plus doux entouré de genêts. Une dernière grosse montée pierreuse, mais là c’est normal, et je franchi enfin l’Elancèze (1571m). Ouf ! La montée aura été dure.

Débute la descente. Toujours mal aux jambes. Toujours aussi mauvais descendeur donc toujours doublé mais avec un moral un peu meilleur. Au bout d’un kilomètre, j’arrive au col du Pertus. Il y a des spectateurs et le quatrième ravitaillement. Je prends une barre de pâte d’amandes. Un bénévole propose un gel anti-crampes. Ne connaissant pas le produit, je préfère ne pas prendre, peut-être à tort.
La femme du point de contrôle annonce à un coureur qui vient d’arriver après moi : « vous êtes le centième ». Quoi ! Je suis dans les cent premiers. Je décide de repartir tout de suite. Il reste à peine une douzaine de kilomètres. Mais les autres traileurs en font autant. Je suis remotivé. Nous sommes une bonne dizaine, étalés sur cinquante mètres. Le chemin est large, parfois plat, parfois montant. Nous alternons tous course et marche. Ce rythme dure longtemps. La fatigue musculaire se fait sentir mais tous les concurrents avancent résolument. 
Je me retrouve avec une jeune femme blonde avec un maillot bleu ciel. Elle me fait remarquer que nous sommes sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle. Nous discutons. Nous voyons le pic du Puy Griou et elle se demande si nous devons grimper ce mont. Je lui réponds que, d’après moi, non, mais que nous allons le contourner et que ça devrait monter. A’ son allure, je vois que c’est une habituée des trails. Son pas est sûr, sa démarche souple et déterminée. Il est évident qu’elle finira devant moi. Au bout d’un moment, elle se demande combien de km il reste. Je lui réponds que d’après mon GPS, il reste 8 kms si l’organisation a été sérieuse dans ses indications kilométriques. Et sur ce, elle accélère. Tchao, jolie blonde. Elle finira 5e féminine.

Arrive la montée proche du puy Griou. Je suis avec deux coureurs, l’un expérimenté, l’autre jeune. Ce dernier nous annonce que c’est la première fois qu’il fait un trail si long et qu’il n’en peut plus. Le plus expérimenté parle de l’oxygen challenge de l’an passé qui proposait un trail de 75 kms et qui passait par le Puy Mary. Je lui dis que je ne pourrai pas faire 75 kms  sur de tels parcours. Il me répond que si, c’est possible, parce qu’on le ferait moins vite. Finalement, il a raison. C’est vrai que, toute proportion gardée, on va assez vite sur ce trail et qu’on y laisse des forces.

Nous arrivons au col de rombière, reste 5 kms. Débute la descente, le coureur expérimenté s’éloigne. Le jeune n’en peut plus. Je lui propose de me suivre car je vais descendre lentement parce que je suis nul en descente et que je n’ai pas envie de me blesser si près de l’arrivée. La saison est encore longue avec le championnat du Canigou et les templiers au programme. Le jeune gémit, chaque foulée est pour lui synonyme de souffrance. Même si je suis mieux, mes quadriceps et surtout mes muscles au dessus des genoux sont en feu. Finalement, je laisse le jeune à sa souffrance. De toute façon, il ne le sait pas encore mais il aura fait une belle performance. J’accélère un peu, passe un névé pas très large mais assez profond. La neige monte à hauteur des cuisses cependant les coureurs précédents ont fait une trace étroite mais facile et nette. La descente raide dure près de 4 kms. Évidemment, je me fais doubler par cinq ou six coureurs, dont la sixième féminine.

Il reste un km. Nous remontons une piste de skis. Je vois plusieurs coureurs cinquante mètres devant moi mais cinquante mètres en montée raide, c’est une minute. Inutile d’essayer d’aller les chercher. Je regarde derrière moi. Personne ! Allez, je finis en douceur. Dernière descente, tout doux, les muscles font mal. Il reste à peine cent mètres. Dernier virage. 
Tout à coup, une tornade me dépasse. Il sprinte comme sur la fin d’un dix kms et arrive 10 m devant moi. Je passe l’arrivée à mon tour. Je m’aperçois que le coureur en question, c’est l’ancien avec ses chaussures bleues et son k-way (là, il n’a plus le k-way). Il est tout content de son coup. Il me dit que ça fait trois fois qu’il fait ce trail et qu’il le trouve toujours aussi dur. Je lui réponds un vague « oui, en effet ». Pour l’heure, je suis usé, mes jambes tremblent. Je reste 20 mm au ravitaillement d’arrivée et avale quartiers d’oranges, tranches de saucissons et morceaux de Cantal. Rassasié, je m’en retourne vers l’appartement et, avec plaisir, constate que malgré quelques douleurs, mes muscles ne sont pas tétanisés. Je n’ai pas trop puisé d’énergie pour la suite de la saison.
6h 03 mn 44s. 104e sur 363 arrivants. Je pourrai être frustré de ne pas être arrivé sous les six heures ou dans les cents premiers, ou de m’être fait « griller » par le fangio des derniers cent mètres. Mais non, je suis content. Le parcours était superbe, avec le soleil et Je ne pouvais pas faire mieux. La seule chose : Il faut vraiment que je trouve le moyen de progresser en descente.