Deux ans déjà. Deux ans depuis mon dernier marathon à la Rochelle. Et depuis, j’avais décidé de faire du trail.Les gendarmes et les voleurs de temps, l’éco-trail de Paris (50 kms), Landes et bruyères, la 6000D, le trail Glazig et l’ardéchois notamment.
Et puis, Titouan est arrivé cet été. Plus difficile quand on est Papa d’aller trainer dans le sud de la France pour trouver des trails montagneux.
Alors, pourquoi ne pas revenir au marathon. Vannes est à trois heures de route. En juin, je décide donc de m’inscrire avec un objectif : mon record est à 3heures 23mn, je dois pouvoir descendre sous les 3heures 20mn.
Une préparation en huit semaines. Le semi d’Auray-Vannes comme entrainement et me voilà, ce matin, au pied des remparts de Vannes, prêt à partir. Je suis à quelques mètres de Jésus. Il va porter sa croix pendant 42 kms. J’ai essayé d’être devant car j’ai un mauvais souvenir sur un marathon où j’ai perdu 2 mn au 1er kilomètre car le peloton n’avançait pas. J’aperçois, au dessus de moi, parmi les spectateurs, Sylvie, une collègue qui est venue encourager son mari, Guy, qui est lui-même un de mes collègues. Je lui fais un signe mais elle ne me voit pas. Le feu d’artifice s’achève, le départ est imminent.
C’est parti ! Le peloton s’élance. J’essaie de prendre un bon train. Je n’ai pas trop à zigzaguer pour doubler des concurrents. Nous longeons les quais. Je double le meneur d’allure des 3h30 mn. Le 1er kilomètre arrive, je le passe en 4mn 50. S’ensuit une longue montée, je maintiens l’allure assez facilement. 2e kilomètre en 4mn 40. Je suis à mon allure de croisière. En effet, j’ai décidé de partir sur une base rapide de 4mn 40 au kilo et d’essayer de la maintenir le plus longtemps possible. Je sais que c’est risqué. D’habitude, sur mes autres marathons, je partais lentement et réussissais à faire le 2e semi presqu’aussi rapidement que le 1er. Jusqu’à présent, je n’ai jamais eu de défaillance sur marathon. Alors, advienne que pourra.
Le 3e kilo est en descente, avalé en 4mn 25. Malgré un arrêt « technique » dans le 4e, je le fais en 4mn 40. Je lève un peu le pied. Nous arrivons sur le sentier du golfe, fait de légers faux-plats montants et descendants. Au 7e kilomètre, un coureur me dépasse, me demande si je suis bien d’Etival lès le mans, comme indiqué sur mon maillot. Je lui réponds par l’affirmative. Il me dit qu’il est du Mans et qu’il est collègue avec Laurence, une joggeuse qui fait partie de mon groupe de coureurs du Dimanche matin. Après deux ou trois échanges, il me souhaite bonne course et accélère. Je suis à 200 mètres du meneur d’allure des 3h 15mn. Je suis parti un peu vite. Au ravito du 8e kilomètre, je prends un gel et boit correctement. Le soleil est là, pour l’instant pas trop chaud, mais qu’en sera-t-il dans deux heures ?
Peu après le 9e kilomètre, je ressens une douleur au bas du mollet gauche. Mince ! Je ralentis pendant quelques hectomètres. Elle ne disparaît pas. Je crains que ce ne soit une contracture. Que faire ? La douleur ne m’empêche pas de garder mon rythme. Alors tant pis, je décide de continuer sur ma lancée. 32 kms avec cette douleur, je dois être un peu fou. On verra. Je passe le km 10 en 46mn 30. Nous passons sur les quais, agréables, du centre-ville.
Au ravito du 12e km, je m’aperçois que j’ai perdu 2 gels que j’avais positionné sur une ceinture adéquate, « achetée pour » comme on dit, mais qui s’avère complètement inutile. Nous reprenons un chemin qui longe le golfe puis arrivons sur une presqu’ile, passons sur une digue, puis retour sur le chemin côtier sous les pins. Le paysage est beau. Dommage de ne pas trop avoir le temps de l’apprécier.
Au début du 18e kilomètre, nous quittons le golfe, par une montée pas très longue mais qui fait mal aux jambes. Au 19e, je passe devant le stade Kercado. Gérard et Anne-Marie, mes amis, sont là. Je leur donne mon inutile ceinture, leur assure que, pour l’instant, tout va bien malgré ma contracture au mollet. Et puis, plus qu’une boucle de 23 kms et il en sera fini de ce marathon. Par contre, je ne vois pas Christelle et Titouan.
Les rues qui suivent sont plutôt quelconques. Au sortir d’un virage, je passe le tapis qui prend le temps au semi-marathon. 1h 38 mn 17s. Cela fait une allure de 3h 16mn 34s. C’est trop rapide mais comme je me doute que la deuxième moitié sera plus dure, c’est toujours ça de gagné. Nous arrivons maintenant dans la vieille ville. Il y a des pavés, de nombreux virages et quelques courtes montées. Je commence à sentir une fatigue. Ça y est, je quitte la vieille ville par une poterne et me retrouve sur la rue face aux remparts, là où était donné le départ.
1km de plat, puis c’est la longue montée. Je réduis mon allure, les muscles des cuisses souffrent. Enfin, c’est fini. La descente suivante me permet de relancer. Puis, j’arrive à Arcal. Une trentaine d’habitants nous accueille, déguisés en martiens. Ils sont tonitruants. Ils sont dans une petite montée qui fait mal aux jambes mais j’essaie de faire bonne figure.
Arrive le chemin côtier. Je continue sur mon allure mais je sens que les jambes deviennent lourdes. Je passe les 28 kms en à peine 2heures 11mn, soit une allure de 3 h19mn, mais je sais que la fin va être dure. Je fais les 2 kms suivants en 4mn 50 au kilo.
30e km. Il reste 12 kms. Je m’épuise à maintenir cette allure intenable. Je décide de ralentir pour me relancer éventuellement plus tard. Je fais les deux kms suivants en 5 mn au kilo mais c’est encore trop dur. Tant pis pour les 3h 20 mn. Mon objectif est maintenant de rallier l’arrivée sans trop de difficulté. Parmi les encouragements de la foule, tout à coup, je perçois une voix qui m’est familière. Je reconnais Marie-Claude, une joggeuse des « foulées d’Etival » qui coure maintenant avec le club des LMA. Je suppose qu’elle est venue encourager ses amis de club. Ça me fait plaisir de la voir même si je grimace en passant devant elle.
Au ravitaillement du 32e km, je m’arrête une bonne trentaine de secondes. La chaleur commence à m’indisposer. Je bois et m’asperge abondamment. Du km 32 au km 36, j’essaie de tenir les 5mn 20 au kilo.
Au ravito suivant, c’est la déchéance. Je bois, m’asperge encore, ne peux avaler mon dernier gel, essaie alors avec un sucre. Beurk ! Au bout d’une minute, je repars. Il reste 6 kms.
Je suis maintenant sur le chemin du golfe qui, au fil des hectomètres, devient pour moi un chemin de croix. Mes muscles sont tétanisés. Je me traine à 6 minutes au km. Beaucoup de coureurs me doublent maintenant.
Arrive la dernière montée. Il reste un peu plus de 2 kms. Je marche quelques dizaines de mètres. Des spectateurs annoncent que le meneur d’allure des 3h 30 mn arrive. Je repars, essaie d’arriver en haut de la côte avant qu’il ne me rattrape. Il me double juste en haut, devant le dernier ravito. Je bois un verre à la volée, essaie de me caler derrière le groupe. Je connais la fin du parcours. Nous sommes à cinq minutes au kilo. Je grimace, serre les dents. Une longue ligne droite plate puis la descente. Avant dernier virage avant la piste d’arrivée. Il reste 500 m. Un petit faux-plat montant.
Tout à coup, tous les muscles se bloquent. Perdu pour arriver sous les 3h 30mn. Je marche un peu, repars doucement. J’arrive sur la piste. Le meneur d’allure est au bout de la ligne droite, au fond là-bas. Je termine doucement. Je suis épuisé. 3h 30mn 31 au GPS.
Sylvie, ma collègue, me voit et me dit que Guy arrive seulement cinq minutes après moi alors qu’il avait plus de retard à mi-course. Je lui dis qu’en effet, je suis parti vite et que je me suis explosé. En fait, je suis mort. Je mettrai plusieurs jours pour ressusciter.
Bizarrement, je ne suis pas déçu. Bien sûr, j’ai perdu mon pari. Je savais que partir rapidement pour tenter les 3h 20 mn était risqué voire irréaliste mais il faut bien tenter des choses dans la vie. C’est mon cinquième marathon et ma première défaillance. Maintenant, je sais ce que c’est.
Ceci dit, pour le prochain, je renouerai avec ma prudence habituelle. Je conseille aussi à ceux qui n’ont jamais fait de marathon et qui liraient ce récit de ne pas faire ce que j’ai fait.
Quant au parcours, il est magnifique, surtout avec le soleil, mais il n’est pas si simple que pourrait le laisser supposer le profil de la course. Il y a deux bonnes côtes, les chemins côtiers sont usants et la traversée de la vieille ville tortueuse à souhait. Le marathon de la ville des vénètes se mérite.
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