Fort tôt, en ce beau matin, nous nous retrouvâmes sur la
place du village. Tout le monde était là. La chef de la tribu (parce que nous,
on a une chef) avec sa gouaille habituelle nous intima l’ordre de
partir. Alors, nous attelâmes nos trois
charrettes pour s’en aller loin de nos contrées. Après quelque temps de voyage,
nous arrivâmes dans ce pays de cocagne où pousse la vigne : Saumur-Champigny.
Y a-t-il un marché pour qu’il y ait tant de badauds ?
Non, pas du tout. Toute cette foultitude n’était là que pour un seul
évènement : les foulées de Saumur-Champigny. Il n’était point question ici
d’arènes, de gladiateurs ou de fauves affamés mais simplement de course à pied.
Mais quelle course à pied ! Le défi consistait à courir
environ quatre lieues (soit pour les hommes du futur, 17,4 kms) mais aussi et
surtout à passer les ravitaillements « gastronomiques ».
« Oyez ! Fiers
coureurs, préparez-vous à affronter les sentes, les venelles et autres chemins
de l’Anjou, à travers vignes et coteaux. »
Notre tribu se mit en place, loin de la ligne de départ,
laissant les premières places aux mangeurs de bio et autres buveurs d’eau.
D’autres tribus firent comme nous. Ainsi
des marsupilamis, des « dupont et dupond » et autres arlequins.
Le clavecin libérateur lâcha la horde sauvage. En fin de
peloton, notre équipée s’élança. Nous partîmes douze…
Pour nous reconnaitre, notre chef avait eu l’idée de nous
affubler d’un chapeau rouge et d’une cravate garance, assortis à la couleur de
notre tunique sur laquelle, fièrement, était apposé notre blason (logo pour les
hommes du futur) : « Foulées d’étival ».
Nous calâmes nos pas sur Dame Sylvie, novice sur une telle
distance. La gente féminine était également représentée par Dames Katia,
Laurence, Marie-Pierre et bien sûr notre vénérée chef Martine. La gente
masculine était composée de Monseigneur Eric, mari de notre vénérée, Anthony,
époux de Dame Sylvie, des sieurs Jean-Michel, Laurent et Patrice. Complétaient
la petite bande, notre sage Jean louis et moi-même qui étions équipés de boites
à images dans le but d’immortaliser l’aventure.
Dame Christiane, épouse de notre sage, faisait partie du voyage mais n’avait point voulue enchausser ses sandales de sport, préférant, telles les femmes de marins qui, fébrilement, attendaient le retour au port de leurs bienheureux, patienter près de la zone de départ, qui faisait aussi office d’arrivée.
Nous trottinions donc
en compagnie d’une policière américaine, d’un prisonnier, de clowns, de
fées, de personnages plus ou moins identifiés. D’autres étaient simplement
déguisés en coureurs à pied.
Les Dupont et Dupond étaient proches de nous à la recherche
du trésor de Rackham le (verre de) rouge.
La maréchaussée veillait sur le bon déroulement de
l’épreuve. Bientôt arriva la première halte.
En mon for intérieur, je m’étais lancé le défi de ne point boire d’eau durant l’épopée. Je doutais que d’autres dans l’équipée, notre ami Patrice notamment, avaient eu la même ambition. D’une lampée, je bus l’hydromel puis dégustais autres saucissons et boudins. Puis nous repartîmes.
Pour peu de temps. Assez rapidement, au hameau de Chaintré, se trouvait une nouvelle taverne à ciel ouvert. Patrice, connaisseur, nous indiqua que le meilleur Saumur-Champigny se trouvait Là. Nous goûtâmes donc le précieux breuvage accompagné cette fois de rillauds.
En mon for intérieur, je m’étais lancé le défi de ne point boire d’eau durant l’épopée. Je doutais que d’autres dans l’équipée, notre ami Patrice notamment, avaient eu la même ambition. D’une lampée, je bus l’hydromel puis dégustais autres saucissons et boudins. Puis nous repartîmes.
Pour peu de temps. Assez rapidement, au hameau de Chaintré, se trouvait une nouvelle taverne à ciel ouvert. Patrice, connaisseur, nous indiqua que le meilleur Saumur-Champigny se trouvait Là. Nous goûtâmes donc le précieux breuvage accompagné cette fois de rillauds.
Comme des troubadours animaient le lieu en musique,
plusieurs de nos amis se mirent à danser carmagnoles et farandoles.
Sur ordre de notre vénérée, nous reprîmes la route ou plutôt
le chemin qui, droit dans les vignes, nous emmenaient vers une poterne. Passée celle-ci d’autres chemins serpentant
entre vignes et forêts s’offraient à nous.
Nous arrivâmes devant un château. Le porche était ouvert,
deux coureurs qui nous précédaient,
s’étaient aventurés mais visiblement, le marquis du coin n’était point d’accord
avec cette affaire et raccompagnait nos deux manants. Nous longeâmes donc
sagement la bâtisse.
Plusieurs jeunes femmes arboraient le blason d’une tribu
venue des Sables d’Olonne, une contrée lointaine du ligérien océanique. Sieur
Jean-Michel ayant beaucoup voyagé, avait fait partie de cette tribu voilà
quelques années. Ce fut prétexte pour prendre conversation avec les belles.
Nous avions maintenant dépassé le milieu de cette course.
Sylvie tenait bon, nous aussi.
Puis une pancarte annonça « Ravitaillement à 100
mètres ». Nos papilles se mirent en action. L’élixir était proposé dans de
magnifiques verres, on ne pouvait refuser. Notre ami Laurent s’en délecta.
Les dames prirent un peu d’avance, préférant l’eau au vin. Sur ce, de bon pied, la gente masculine repartit afin de rattraper nos amies. Sur la lancée, afin de nous dégourdir les jambes, quelques hommes, dont votre serviteur, continuèrent d’accélérer.
Les dames prirent un peu d’avance, préférant l’eau au vin. Sur ce, de bon pied, la gente masculine repartit afin de rattraper nos amies. Sur la lancée, afin de nous dégourdir les jambes, quelques hommes, dont votre serviteur, continuèrent d’accélérer.
Jusqu’à revenir sur une demoiselle vêtue d’une jupette à
damier blanc et noir, tels les drapeaux d’arrivée des 24 heures (célèbre course
de chars). La tunique laissait deviner un joli séant.
Dans un souci d’élégance et afin de ne pas offenser la
belle, nous décidâmes, sans besoin de mots, de rester derrière. L’allure fût
donc réduite.
Une longue côte s’ensuit. Nous rattrapons deux quidams vêtus
à la mad max, tels des guerriers venus d’ailleurs en quête de quelque guerre
picrocholine. Ils venaient surtout du dernier ravitaillement où ils avaient
passé une longe halte.
Ayant pris quelques longueurs d’avance sur nos équipières,
nous fîmes une haie d’honneur et, à chaque passage de coureur, composâmes une
« ola » d’encouragement. Cela dura un temps. Le groupe s’étant reformé,
trottinage reprit.
Plus loin, en remerciement de nos encouragements, les belles
des Sables d’Olonne nous saluèrent d’une même « ola ». Le soleil
était chaud maintenant.
Nous nous retrouvâmes une nouvelle fois au hameau de
Chaintré. Nous ne devions pas être dans les premiers (on s’en doutait un peu)
car les tablées n’étaient plus bien garnies. Une amphore de petit rosé
pétillant s’offrit à nous pour nous rafraîchir. Dame Katia apprécia.
Nous repartîmes en compagnie de la tribu Suzeraine, des
voisins à nous. D’ailleurs, Martine, qui connait tout le monde, connaissait l’un
d’entre eux, le conquérant Guillaume, qui avait l’air d’être un homme de
joyeuse compagnie.
Quelques-uns d’entre nous prirent quelque avance pour aider
à la digestion. Nous arrivâmes à la cave. La descente était douce, il faisait
frais. Puis nous serpentions dans l’immensité obscure, seulement éclairée de lanternes « électriques » au sol. Nous arrivâmes
au pied de l’escalier, 60 marches à grimper puis le soleil nous éblouit. Nouvelle haie, nouvelle « ola »
puis, groupe reformé, direction la dernière halte gastronomique. Deux petites
lampées, du fromage. C’était bon.
Une photo du groupe avec la boite à images. Puis longue traversée
du village. Nous étions proches de l’arrivée. Nous nous mirent en forme de
farandole, main dans la main, et Dame Sylvie en tête, nous franchîmes, avec
brio et en chantant, la ligne libératrice.…Nous arrivâmes douze.
Le sablier mécanique que je portais au poignet indiquait 2h 15mn. Mais peu importe le temps. Le
ravitaillement était là. La chaleur, notre bonne humeur et nos haltes
gourmandes nous avait donné soif. Enfin de l’eau !
Ils finirent leur journée en festoyant, attablés à l’ombre
d’un grand chêne, se contant maintes fois et de maintes façons leur belle
aventure.
Pour sûr, d’autres suivront.