vendredi 6 septembre 2013

Trail Ubaye Salomon


Depuis longtemps, j’avais repéré ce trail dans les magazines spécialisés. Alors, quand il a fallu sélectionner notre lieu de vacances, j’ai proposé à la petite famille la région de la vallée de l’ubaye, avec succès. Seul bémol, six semaines avant, le marathon du Mont blanc était au programme. A que cela ne tienne, je tente l’aventure de deux trails de 42 km en six semaines.

Ce matin, il fait beau sur Barcelonnette, lieu de départ. Nous sommes 390 inscrits. La petite place commerçante est remplie de traileurs. N’ayant pas d’objectif particulier, je me mets vers la fin du peloton. Le départ est donné. Nous traversons le centre de Barcelonnette puis, rapidement, nous arrivons le long de l’Ubaye. Les six premiers kilomètres sont plats. Je ne pars pas trop vite, d’autant plus que j’ai pris un copieux petit déjeuner, voilà 1h30 (oui, je sais, il faudrait 3 heures) et que celui-ci me ballonne un peu dans le ventre.  

Au sixième km,  1er ravitaillement, plutôt inutile puisqu’au bout d’une demi-heure de course. Christelle et Titouan sont là pour m’encourager. La première montée arrive, 600 m de D+ au programme. Cela monte fort sur trois km. Nous sommes en forêt, il fait frais. Même si j’aime les montées, je ne cherche pas à doubler, de toutes façons c’est difficile sur ces monotraces. Puis suivent 3 kms en balcon, tantôt montant, tantôt descendant. Un gars fait bouchon, nous sommes une dizaine derrière lui. Arrive, le col de baume longe, toujours sous les sapins. La monotrace continue en balcon mais  nous sommes maintenant versant sud et la forêt devient moins dense, le sentier plus pierreux. Nous arrivons dans un endroit où le sentier fait moins de dix centimètres de large et laisse place au vide. Un bénévole est là, nous montre le filin installé sur la falaise et nous préconise d’être prudent. Le passage n’est pas long, pas plus de dix mètres, pas rassuré, mais il faut y aller.
La descente, toujours en monotrace, arrive, sèche. Etant le plus nul des nuls en descente, je laisse plusieurs coureurs passer. Deux km de descente puis nous arrivons au Villars d’Abas, km 15 en deux heures, lieu du deuxième ravitaillement. Je prends le temps de remplir mes bidons puis c’est reparti. 600 m de bitume sur une petite route. Deux organisateurs qui pointent nos passages m’annoncent 231e. Je suis parti lentement.

Nous entamons une montée rude. Je me sens bien. Les coureurs qui me précèdent n’avancent pas. Je ne peux pas doubler. Et contrairement à moi qui laisse  passer les descendeurs, là, en montée, je n’ai pas le droit à la même courtoisie. Nous arrivons sur un alpage, la montée est toujours rude, je me mets à doubler en passant « dans le génépi ». Après trois km, nous arrivons devant une croix de 3 mètres de haut. A’ partir de là, nous retrouvons un sentier qui permet de courir par endroit. Nous nous enfonçons dans la forêt. Le rythme est bon. Cela dure bien 3 km. Nous arrivons au km22, lieu du 3e ravitaillement. Comme je sais que le plus dur nous attend, je prends de temps de remettre mes bidons à niveau et je prends un gel anti-crampes. 3mn d’arrêt, je repars.
Et là, j’ai droit à 3 beaux km de montée. C’est dur mais je me fais plaisir. En lacets, le sentier monte, d’abord en forêt, puis rapidement dans une « prairie » pierreuse qui, elle-même,  laisse place progressivement à la pierre. Je peux doubler, je ne m’en prive pas. Les lacets deviennent très courts et très pentus. Il faut maintenant grimper avec les mains le mur qui s’offre à nous. Ce n’est pas une cheminée mais presque. Ca me rappelle un peu la montée du Canigou. J’arrive en haut, et là, surprise, on n’est pas en haut. Je vois le sommet qui me parait assez loin. En fait, nous redescendons légèrement puis suivons sur 500m un petit cirque. C’est beau mais le sentier n’est pas large et un peu vertigineux. Ce passage se fait malgré tout en courant. Puis au bout du cirque, nous reprenons une arrête. Cela grimpe fort sur 300 m. A’ la fin, il faut mettre les mains puis nous arrivons enfin au sommet (Km 24, alt : 2682 m). Il y a là des organisateurs, un photographe et quelques bons  randonneurs qui nous encouragent. Par la suite, d’après les photos de l’album du photographe, j’ai dû passer 171e, ce qui ne m’étonne pas vu le nombre de coureurs que j’ai doublé sur les 10 bornes de montée.

Maintenant, je sais que j’ai mangé mon pain blanc et que le plus dur reste à faire avec la descente.
En effet, dès le début, le petit sentier descend très fort et c’est très caillouteux. Un coureur me double et me lance « tu as l’air craintif, ne prends pas de risques si tu as peur » puis je le vois s’éloigner rapidement, tel un cabri tandis que moi je continue ma descente, totalement crispé.
Au bout d’un petit kilomètre la descente vertigineuse cesse. Cent mètres de montée dans la rocaille puis nous arrivons au col du Gyp. Nouvelle descente, toujours forte mais avec moins de pierre. Inutile de dire que je me fais régulièrement doubler. Je ne suis pas relâché donc je sais que je perds inutilement de l’énergie. La descente progressivement s’adoucit. Je sais qu’il y a trois km entre le col du Gyp et le col de Fours. Nous rattrapons maintenant des alpages. Je vois, 500 m devant moi des coureurs qui montent au col. La montée est brève mais je redouble deux coureurs. Je suis au col des Fours, km 28 (alt : 2314m).J’ai perdu de l’énergie dans la descente technique mais, pour l’instant, ça va.
Au col, des organisateurs ont là avec un 4x4, cela signifie que l’on revient à la civilisation. La descente est une piste de ski, elle n’est donc pas technique mais cependant très raide, le 4x4 a dû peiner à monter. Je suis avec deux coureurs, ils me prennent cinquante mètres d’avance mais j’arrive à stabiliser mon allure. On tourne sur la droite et descendons une pairie droit dans le pentu. L’allure est bonne, je ne perds pas de temps sur mes prédécesseurs, les cuisses et d
les genoux dégustent un peu. Je sais que Christelle et Titouan m’attendent au prochain ravito. On arrive sur un large chemin pierreux, cela descend toujours assez fort. Au bout de 3 km de descente, j’aperçois des spectateurs, ils sont là tous les deux, nous sommes au derniers ravito (km 31).

Petite pause, petits bisous. Remplissage des bidons. Il reste 11 km. Je repars. Petite montée très raide puis petit chemin agréable en légère descente. J’arrive à Supersauze. Puis, nous prenons un large chemin en balcon, quasi plat, de couleur cendrée, pendant une couple de km. La fatigue commence à se faire sentir.
 Arrive une descente, toujours  sur un chemin large. Mes quadriceps me font mal, je devrais accélérer mais je ne peux pas. Il doit rester 6 km maxi. Ça y est, des coureurs commencent à me redoubler dont trois féminines. Ils profitent pleinement de la descente alors que moi je reste scotché. Puis arrive un petit sentier dans la forêt, la descente s’accentue encore (20 à 25% environ).  Il achève mes quadriceps. Enfin, j’entends du bruit, des spectateurs. Le chemin débouche sur un chemin goudronné tout plat, ça fait du bien. Je peux relancer un peu, je bifurque à droite, puis à gauche sur une passerelle qui enjambe l’Ubaye. Je suis à Barcelonnette.
Quelques rues puis j’entre dans le parc de la sapinière, lieu d’arrivée. Je cherche Christelle et Titouan du regard. Je voudrais prendre le petit avec moi pour passer l’arrivée mais je ne vois personne, déçu, tant pis. Arrivé en 6h38. 196e sur 333.
Je souffle, récupère, appelle Christelle, le petit dort, il était fatigué. Allez, j’ai faim. Le plateau repas offert par l’organisation est bienvenu. Puis, en  attendant Christelle, déchaussé comme beaucoup de coureurs, je marche pieds nus sur la pelouse du parc. Délicieuse sensation. Je vais voir mon classement, m’aperçois que les trois féminines m’ont pris 10 mn sur les 6 derniers km. Il faudra vraiment que je m’améliore en descente.  Mais comment faire pour m’entrainer, c’est tout plat chez moi, dans la Sarthe !!!

Finalement, ce trail est beau mais plutôt technique, rien à voir le marathon du Mont-blanc que j’ai fait six semaines plus tôt. Une belle expérience malgré cette frustration latente d’être nul en descente.

jeudi 11 juillet 2013

Marathon du Mont-Blanc: Petite ballade chamoniarde.


Fin septembre 2012, des collègues décident d’organiser un déplacement pour le marathon du Mont-Blanc. Qui est partant ? Oui, bof, pourquoi pas. Finalement, je m’inscris, début octobre, juste quelques heures avant la clôture des inscriptions.
Après un hiver de récupération, un bon début de printemps sur des 10 kms, un premier trail de préparation en Bretagne, voilà que je me fais une grosse entorse 7 semaines avant la course. 2 semaines d’arrêt d’entrainement, une reprise en douceur, puis trois grosses sorties d’endurance notamment, et me voilà, ce matin, au départ du marathon du Mont-Blanc, qui n’a de marathon que de nom puisque c’est un vrai trail de montagne.

Je travaille dans une banque régionale. Notre petit groupe est composé de Marc et Eric, deux administrateurs originaires de la Mayenne, de six collègues du Maine et Loire (deux informaticiens, Thierry et Francis, un responsable des affaires internationales, notre organisateur Jérôme, un spécialiste de l’agriculture, Marc, un salarié de la DRH, Mikaël, et un jeune Adjoint à Directeur d’agence, Guillaume), et de deux Sarthois, Michel, Directeur de l’agence où je travaille (nous avons la même passion) et moi assistant clientèle et par ailleurs délégué syndical.

Hier, le temps était déplorable. Pluie et froid. Il est presque 7 heures du mat, la météo annonce du soleil. Pourvu qu’elle dise vrai. Nous sommes  plus de 2000 concurrents. Notre petit groupe se disperse un peu avant le départ, sans précipitation.
Ça y est, le peloton s’élance. J’ai décidé de ne pas forcer sur ce trail, par précaution. Je pars doucement. Sur le premier kilomètre, pas mal de coureurs me dépassent. Ou vont-ils si vite ? Au 2e kilo, cela commence à se calmer. Nous sortons de Chamonix, le chemin est large et plat. Cela permet au peloton de s’étirer. Du 3e au 5e kilomètre, j’accélère un peu pour doubler facilement, sur le bord du chemin, plusieurs dizaines de concurrents, puis je reprends un tempo raisonnable. Les grosses difficultés commencent au kilomètre 18 donc ne pas s’affoler. Petit à petit le chemin rétrécit, quelques brèves montées apparaissent. Je garde mon tempo, double les téméraires qui étaient partis trop vite. Kilomètre 10, premier ravito à Argentière, je zappe. J’ai mon ravitaillement sur moi et ai décidé de respecter scrupuleusement mon protocole d’alimentation afin d’éviter la mésaventure qu’il m’était arrivé sur les Templiers. 

Un ralentissement se produit à l’entrée d’un « single », les coureurs marchent. Au bout de 100 mètres, début de montée.  Surtout, ne pas s’épuiser prématurément. Cela dure une couple de kilomètres, le pourcentage de montée n’est pas extraordinaire. Puis reprise du mode course. Cela descend maintenant. Arrivé à Tré le Champ, nouveau single puis un chemin plus large en légère descente, toujours cool, je fais attention à ma cheville. Vallorcine et son ravitaillement sont en vue. J’y suis en 2 heures.
Au ravito, je prends le temps de remplir mes bidons, un bénévole m’aide. Super sympa. Je repars, fais quelques centaines de mètres puis vois la file indienne qui attaque la grosse montée sur les Posettes. Ceux qui en ont utilisent leurs bâtons. Personnellement, je n’en prends pas, j’ai du mal à les utiliser et, franchement, sur un tel parcours, ils ne sont pas très utiles.
Comme on ne peut pratiquement pas doubler, je suis la longue cohorte. Là, le pourcentage est rude. Surtout ne pas se mettre dans le rouge. Certains essaient de forcer le passage, ils s’échinent et s’épuisent inutilement. Le petit chemin s’élargit un peu, me mets aussi à doubler uniquement ceux qui sont conscients qu’ils sont de piètres grimpeurs et nous laissent passer ou ceux qui soufflent déjà à perdre haleine.

Trois kilomètres de cette rude montée puis nous arrivons sur une large piste. Cela grimpe toujours mais plus raisonnablement. Mode marche rapide. Tout va bien. Au bout d’une couple de kms, nous arrivons sur l’alpage du col des Posettes. Vue magnifique sur le massif du Mont-Blanc. Un beau soleil. Pas un nuage. Le massif impressionnant se dessine sur un ciel bleu d’azur. Il fallait venir là juste pour cette image.

Je reprends la montée vers l’aiguillette des Posettes, en alpage, puis sur un chemin plus étroit et pierreux. Un petit kilomètre et nous sommes au sommet. Encore un regard sur le spectacle qui s’offre à nous puis j’entame la descente.
Mauvais descendeur, avec une cheville encore capricieuse, je prends mon temps, me laisse doubler. Inutile de faire le kéké. De toutes façons, ceux qui descendent vite sont soit meilleurs que moi et je ne les reverrai pas, soit des gars qui me prendront 5 à 10 mn, vont s’éclater les quadriceps et je les reverrai sur la montée.

Sur trois kilomètres, la descente est technique avec des espèces de marches, je fais attention. Puis le chemin se met à descendre en lacets sans trop de pierres. Là, sans problème, je peux suivre les coureurs qui me précèdent. Nous arrivons au hameau du Tour, des spectateurs sont là et m’encouragent « Allez Pascal ! Allez Pascal ». Je dois être connu ici. 
Non pas du tout mais nos prénoms sont inscrits sur les dossards et ces encouragements donnent chaud au cœur. Encore 3 kilomètres en légère descente puis nous approchons du ravitaillement de Tré le champ.
« Allez Pascal ! Allez Pascal ». Merci, je vous en prie. « Allez Pascal, Allez Pascal ».

« Allez Francesca ! Allez Francesca » Comment ça, allez Francesca ? Je me retourne et vois près de moi une jolie blonde. Evidemment, à l’applaudimètre, je ne fais pas le poids.
A’ l’entrée du ravito, je vois Agnès, la compagne d’un de mes compagnons d’aventure. Elle me prend en photo, me demande si tout va bien, lui répond que oui.
Au ravito, je remplis mes bidons. De nouveau un bénévole m’aide. Vraiment accueillants ces bénévoles. Puis je repars, 31 kilomètres de parcourus, encore 11, mais pas le moindre bobo ou la moindre douleur.

Nous montons dans la forêt sur le flanc de la montagne. La montée est entrecoupée de légers faux plats et quelques descentes où on peut relancer. Je commence, sans forcer, à doubler quelques concurrents. Je suis bien, à l’aise. Francesca est toujours avec nous. Elle est anglaise. Nous sommes un groupe de quatre, cinq coureurs, qui avons la même allure. On se suit sur une vingtaine de mètres.
Je prends le temps de manger, tranquillement, en marchant. L’arrivée se rapproche mais il reste presque 2 heures de course. A’ un moment, nous apercevons, en hauteur, une arrivée de télécabine (ou télésiège, je ne sais plus). C’est la Flégére, dernier ravitaillement. Cela grimpe plus fort, mais finalement, ça passe bien.

Au ravito, dernier remplissage de bidon, puis c’est reparti. Reste 6 km. Nous sommes maintenant en balcon au-dessus de Chamonix. Le petit chemin est quasi plat. Nous pouvons courir. Lors des traversées de pierriers, je préfère marcher. Pas envie mettre à mal ma cheville. Ce chemin dure quelques kms  puis nous passons sur une zone en peu plus aérienne. Il convient de faire attention. Je ressens un peu de fatigue mais rien d’anormal. Une petite montée technique puis une descente toujours sur le sentier. On entend, au loin,  la sono d’arrivée. Petite montée sur le sentier puis nous arrivons sur une large descente, une piste de ski, je suppose. 500 m de descente puis nous apercevons tout là-haut l’arrivée. Il reste moins de deux kilomètres mais, comme qui dirait, la pente est rude.

Francesca est à mes côtés. Elle a un peu de mal dans la montée. Allez, je ne vais pas être un gougeât. Je l’attends et l’encourage. Plusieurs coureurs nous doublent. Pas grave. La foule de spectateurs est dense. Ils crient, ils vocifèrent, nous encouragent. On se croirait en haut d’un col du tour de France. Il reste 200 m, c’est un mur qui s’offre à nous. Francesca peine. Allez ! Deux autres féminines nous rejoignent. Elle accélère enfin, il reste trente mètres. On peut courir. Je laisse passer les dames. Stop. C’est fini. 
6H22 mn. 659e. Pas mal aux jambes. Pas de crampes. Je suis heureux. J’ai respecté mon protocole alimentaire, je ne me suis pas mis « dans le rouge ». Je pense que je peux faire, dans six semaines, mon prochain objectif : le trail Ubaye Salomon, un 42 km avec 2500 D+ et 2500 D-.
Au ravito d’arrivée,une bière est offerte. Pourquoi pas ? Elle est bien fraîche. Je retrouve Guy, le beau-frère de Michel, membre du club d'Endurance 72. C'est bizarre, nous arrivons à 4 secondes l'un de l'autre et on ne s'est jamais vu sur le parcours. Lui aussi à l'air en forme.
En face de moi, je vois le massif du Mont-Blanc, et j’aperçois le Mont-Blanc lui-même tout là-haut, sans un nuage. Magnifique.

L’ensemble de mes compagnons arrivera sans encombre avec des souvenirs plein la tête d’une belle ballade chamoniarde. Une mention à Francis, qui avant cette équipée, n’avait fait que des semi-marathons et un trail de plaine de 28 km.

mercredi 24 avril 2013

Trail de l'Odet: Viva Stangala !


Six mois ! Six mois sans faire de trail. Depuis le trail des Templiers. Une coupure annuelle, puis une reprise d’entrainement interrompue par une vilaine blessure au cœur de l’hiver. Un entrainement axé sur le renforcement musculaire et la VMA avec  deux courses de 10 km en mars et avril (40mn 57sec et 39mn 59 sec). Et puis voilà.
Je suis là au départ du trail de l’Odet, un 26 km près de Quimper, profitant d’une semaine de vacances en Bretagne. Le but de ce trail : un entrainement, un retour aux sources, vérifier mon protocole d’alimentation en course défini cet hiver, retrouver des sensations.
Je m’installe à 10 m de la ligne de départ, laissant cette distance pour que les meilleurs s’agglutinent devant. Mais non, personne n’a l’air stressé ou pressé. Résultat, le speaker nous demande d’avancer et je ne retrouve en deuxième ligne avec les costauds. Flagornerie de courte durée, je me dis. Cinq, quatre, trois, deux, un ! C’est parti ! Tiens, je reste au contact des premiers. Cinq cents mètres, huit cent mètres. Ils ne sont que trente mètres devant. Nous sommes en 4mn 10 au kilo.
 Je ralentis par mesure de sécurité. C’est y est le terrain, tout en restant roulant devient un peu moins carrossable. Les meilleurs s’envolent. Je me fais doubler, ça me rassure. Pendant quatre bons kilomètres, le sentier reste roulant et praticable, je suis à 4mn 30 au kilo, à l’aise. Puis nous entrons dans un champ labouré, les chevilles sont sollicitées. S’ensuit un chemin d’abord à travers prés puis le long d’un petit ru. Bonjour la boue.
Puis arrive les premiers « single », en dévers, au milieu de bois en pente. Vers le septième kilomètre, arrive l’Odet. Il faut traverser la rivière. D’abord se mettre en équilibre sur un gros tronc d’arbre horizontal, qui commence à être glissant puis sauter dans l’eau. Pas le temps de savoir si elle est froide. On a de l’eau jusqu’en haut des cuisses, le courant est fort, quinze mètres de traversée avec beaucoup de cailloux dans le lit de la rivière. Deux cordes de sécurité sont installées et une jolie plongeuse blonde (Marina de son prénom nous a dit le speaker) veille sur nous au milieu de la rivière.
La sortie est glissante. On repart. Puis, s’ensuit de longs mini sentiers, tortueux, caillouteux tour à tour montant puis descendant sur le flanc du Stangala, un promontoire boisé de 120 m au-dessus de la rivière. C’est le point d’orgue de ce trail. Je me fais doubler régulièrement, notamment dans les descentes où je suis toujours aussi nul,  mais je n’essaie pas de suivre. Je reste à mon allure. Depuis le début d’année, je n’ai fait que deux sorties de plus de 20 kilomètres et une seule vallonnée. Donc prudence.

Les kilomètres s’enchainent sur ses petits singles usants. Les flancs du Stangala sont finis. Maintenant nous longeons la rivière sur un petit chemin relativement plat mais tortueux, plein de racines et de pierres. Attention aux chevilles, je ne lève pas les yeux du sol. Ce chemin dure plus d’un kilomètre, puis, par une passerelle, nous traversons la rivière puis la longeons  dans l’autre sens. Le chemin est plus large. Cela me permet de voir ceux d’en face qui sont sur le sentier que j’empruntais voilà quelques minutes. Je peux allonger ma foulée.
Après deux bons kilomètres, nouvelle traversée de rivière, l’eau monte jusqu’à la taille. Le fond est moins caillouteux à cet endroit mais le courant est fort. Marina n’est pas là, c’est Robert qui la remplace. Je ressors du bain. Direction, une succession de prairies. Je sèche rapidement malgré tout. Nouveaux « singles » tortueux dans une pente boisée. Je maintiens une bonne allure. Je passe une écluse, je suis seul. Personne devant, personne derrière. Je m’engage dans un bois, les chemins sont plus larges mais les rubalises se font rares.
Je fais attention à ne pas prendre un mauvais chemin. Seul, toujours seul. Cela dure un certain temps. Finalement, je vois des signaleurs, je suis sur le bon chemin. Je commence à cogiter. Combien y a-t-il de V2 devant moi ? 25 kilomètres de fait. Il reste maximum 1kilomètre et demi. J’aperçois deux concurrents devant, je me retourne, personne derrière. Allez ! Je les rattrape. Doucement, je fonds sur eux, les dépasse. Mais près de 27 kilomètres à mon GPS et toujours pas d’arrivée. Une côte, je temporise et marche. Erreur grave. Trois énergumènes me doublent. D’où viennent-ils ? Le temps de me relancer, ils me prennent 30 mètres. L’arrivée est là, à 300 mètres. Je force l’allure mais eux aussi.
Je passe l’arrivée en 2h 38mn 12 secondes. Je suis content de mon temps pour un trail de reprise. Globalement heureux, je ne me sens pas usé. Juste un peu déçu de m’être fait bêtement doubler à la fin par ces trois coureurs. Finalement, aux dires de tous, ce trail s’avère assez technique. Première préparation pour le marathon du Mont-blanc prévu fin juin.

Deux jours plus tard, j’apprendrais mon classement en regardant internet : 58e sur 195, mais quelque peu frustré puisque je finis 4e V2 sur 34 et, évidemment, le 3e V2 finit 10 secondes devant moi. C’était un de mes trois énergumènes. Tant pis pour moi.