Fin septembre 2012, des collègues décident d’organiser un
déplacement pour le marathon du Mont-Blanc. Qui est partant ? Oui, bof,
pourquoi pas. Finalement, je m’inscris, début octobre, juste quelques heures
avant la clôture des inscriptions.
Après un hiver de récupération, un bon début de printemps
sur des 10 kms, un premier trail de préparation en Bretagne, voilà que je me
fais une grosse entorse 7 semaines avant la course. 2 semaines d’arrêt
d’entrainement, une reprise en douceur, puis trois grosses sorties d’endurance
notamment, et me voilà, ce matin, au départ du marathon du Mont-Blanc, qui n’a
de marathon que de nom puisque c’est un vrai trail de montagne.
Je travaille dans une banque régionale. Notre petit
groupe est composé de Marc et Eric, deux administrateurs originaires de la
Mayenne, de six collègues du Maine et Loire (deux informaticiens, Thierry et Francis, un responsable des affaires internationales, notre organisateur Jérôme, un spécialiste
de l’agriculture, Marc, un salarié de la DRH, Mikaël, et un jeune Adjoint à Directeur
d’agence, Guillaume), et de deux Sarthois, Michel, Directeur de l’agence où je travaille
(nous avons la même passion) et moi assistant clientèle et par ailleurs délégué
syndical.
Hier, le temps était déplorable. Pluie et froid. Il est
presque 7 heures du mat, la météo annonce du soleil. Pourvu qu’elle dise vrai. Nous sommes plus de 2000 concurrents. Notre petit groupe se disperse un peu avant le départ, sans précipitation.
Ça y est, le peloton s’élance. J’ai décidé de ne pas
forcer sur ce trail, par précaution. Je pars doucement. Sur le premier
kilomètre, pas mal de coureurs me dépassent. Ou vont-ils si vite ? Au 2e
kilo, cela commence à se calmer. Nous sortons de Chamonix, le chemin est large
et plat. Cela permet au peloton de s’étirer. Du 3e au 5e
kilomètre, j’accélère un peu pour doubler facilement, sur le bord du chemin,
plusieurs dizaines de concurrents, puis je reprends un tempo raisonnable. Les
grosses difficultés commencent au kilomètre 18 donc ne pas s’affoler. Petit à
petit le chemin rétrécit, quelques brèves montées apparaissent. Je garde mon tempo,
double les téméraires qui étaient partis trop vite. Kilomètre 10, premier
ravito à Argentière, je zappe. J’ai mon ravitaillement sur moi et ai décidé de
respecter scrupuleusement mon protocole d’alimentation afin d’éviter la
mésaventure qu’il m’était arrivé sur les Templiers.
Un ralentissement se produit à l’entrée d’un
« single », les coureurs marchent. Au bout de 100 mètres, début de
montée. Surtout, ne pas s’épuiser
prématurément. Cela dure une couple de kilomètres, le pourcentage de montée
n’est pas extraordinaire. Puis reprise du mode course. Cela descend maintenant.
Arrivé à Tré le Champ, nouveau single puis un chemin plus large en légère
descente, toujours cool, je fais attention à ma cheville. Vallorcine et son
ravitaillement sont en vue. J’y suis en 2 heures.
Au ravito, je prends le temps de remplir mes bidons, un
bénévole m’aide. Super sympa. Je repars, fais quelques centaines de mètres puis
vois la file indienne qui attaque la grosse montée sur les Posettes. Ceux qui
en ont utilisent leurs bâtons. Personnellement, je n’en prends pas, j’ai du mal
à les utiliser et, franchement, sur un tel parcours, ils ne sont pas très
utiles.
Comme on ne peut pratiquement pas doubler, je suis la
longue cohorte. Là, le pourcentage est rude. Surtout ne pas se mettre dans le
rouge. Certains essaient de forcer le passage, ils s’échinent et s’épuisent
inutilement. Le petit chemin s’élargit un peu, me mets aussi à doubler
uniquement ceux qui sont conscients qu’ils sont de piètres grimpeurs et nous
laissent passer ou ceux qui soufflent déjà à perdre haleine.
Trois kilomètres de cette rude montée puis nous arrivons
sur une large piste. Cela grimpe toujours mais plus raisonnablement. Mode
marche rapide. Tout va bien. Au bout d’une couple de kms, nous arrivons sur
l’alpage du col des Posettes. Vue magnifique sur le massif du Mont-Blanc. Un
beau soleil. Pas un nuage. Le massif impressionnant se dessine sur un ciel bleu
d’azur. Il fallait venir là juste pour cette image.
Je reprends la montée vers l’aiguillette des Posettes, en
alpage, puis sur un chemin plus étroit et pierreux. Un petit kilomètre et nous
sommes au sommet. Encore un regard sur le spectacle qui s’offre à nous puis
j’entame la descente.
Mauvais descendeur, avec une cheville encore capricieuse,
je prends mon temps, me laisse doubler. Inutile de faire le kéké. De toutes façons, ceux qui descendent
vite sont soit meilleurs que moi et je ne les reverrai pas, soit des gars qui
me prendront 5 à 10 mn, vont s’éclater les quadriceps et je les reverrai sur la
montée.
Sur trois kilomètres, la descente est technique avec des
espèces de marches, je fais attention. Puis le chemin se met à descendre en
lacets sans trop de pierres. Là, sans problème, je peux suivre les coureurs qui
me précèdent. Nous arrivons au hameau du Tour, des spectateurs sont là et
m’encouragent « Allez Pascal ! Allez Pascal ». Je dois être connu
ici.
Non pas du tout mais nos prénoms sont inscrits sur les dossards et ces encouragements donnent chaud au cœur. Encore 3 kilomètres en légère descente puis nous approchons du ravitaillement de Tré le champ.
Non pas du tout mais nos prénoms sont inscrits sur les dossards et ces encouragements donnent chaud au cœur. Encore 3 kilomètres en légère descente puis nous approchons du ravitaillement de Tré le champ.
« Allez Pascal ! Allez Pascal ». Merci, je
vous en prie. « Allez Pascal, Allez Pascal ».
« Allez Francesca ! Allez Francesca »
Comment ça, allez Francesca ? Je me retourne et vois près de moi une jolie
blonde. Evidemment, à l’applaudimètre, je ne fais pas le poids.
A’ l’entrée du ravito, je vois Agnès, la compagne d’un de
mes compagnons d’aventure. Elle me prend en photo, me demande si tout va bien,
lui répond que oui.
Au ravito, je remplis mes bidons. De nouveau un bénévole
m’aide. Vraiment accueillants ces bénévoles. Puis je repars, 31 kilomètres de
parcourus, encore 11, mais pas le moindre bobo ou la moindre douleur.
Nous montons dans la forêt sur le flanc de la montagne.
La montée est entrecoupée de légers faux plats et quelques descentes où on peut
relancer. Je commence, sans forcer, à doubler quelques concurrents. Je suis
bien, à l’aise. Francesca est toujours avec nous. Elle est anglaise. Nous
sommes un groupe de quatre, cinq coureurs, qui avons la même allure. On se suit
sur une vingtaine de mètres.
Je prends le temps de manger, tranquillement, en
marchant. L’arrivée se rapproche mais il reste presque 2 heures de course. A’
un moment, nous apercevons, en hauteur, une arrivée de télécabine (ou télésiège,
je ne sais plus). C’est la Flégére, dernier ravitaillement. Cela grimpe plus
fort, mais finalement, ça passe bien.
Au ravito, dernier remplissage de bidon, puis c’est
reparti. Reste 6 km. Nous sommes maintenant en balcon au-dessus de Chamonix. Le
petit chemin est quasi plat. Nous pouvons courir. Lors des traversées de
pierriers, je préfère marcher. Pas envie mettre à mal ma cheville. Ce chemin
dure quelques kms puis nous passons sur
une zone en peu plus aérienne. Il convient de faire attention. Je ressens un
peu de fatigue mais rien d’anormal. Une petite montée technique puis une
descente toujours sur le sentier. On entend, au loin, la sono d’arrivée. Petite montée sur le
sentier puis nous arrivons sur une large descente, une piste de ski, je suppose.
500 m de descente puis nous apercevons tout là-haut l’arrivée. Il reste moins
de deux kilomètres mais, comme qui dirait, la pente est rude.
Francesca est à mes côtés. Elle a un peu de mal dans la
montée. Allez, je ne vais pas être un gougeât. Je l’attends et l’encourage.
Plusieurs coureurs nous doublent. Pas grave. La foule de spectateurs est dense.
Ils crient, ils vocifèrent, nous encouragent. On se croirait en haut d’un col
du tour de France. Il reste 200 m, c’est un mur qui s’offre à nous. Francesca
peine. Allez ! Deux autres féminines nous rejoignent. Elle accélère enfin,
il reste trente mètres. On peut courir. Je laisse passer les dames. Stop. C’est
fini.
6H22 mn. 659e. Pas mal aux jambes. Pas de
crampes. Je suis heureux. J’ai respecté mon protocole alimentaire, je ne me
suis pas mis « dans le rouge ». Je pense que je peux faire, dans six
semaines, mon prochain objectif : le trail Ubaye Salomon, un 42 km avec
2500 D+ et 2500 D-.
Au ravito d’arrivée,une bière est offerte. Pourquoi
pas ? Elle est bien fraîche. Je retrouve Guy, le beau-frère de Michel, membre du club d'Endurance 72. C'est bizarre, nous arrivons à 4 secondes l'un de l'autre et on ne s'est jamais vu sur le parcours. Lui aussi à l'air en forme.
En face de moi, je vois le massif du Mont-Blanc, et j’aperçois le Mont-Blanc lui-même tout là-haut, sans un nuage. Magnifique.
En face de moi, je vois le massif du Mont-Blanc, et j’aperçois le Mont-Blanc lui-même tout là-haut, sans un nuage. Magnifique.
L’ensemble de mes compagnons arrivera sans encombre avec
des souvenirs plein la tête d’une belle ballade chamoniarde. Une mention à
Francis, qui avant cette équipée, n’avait fait que des semi-marathons et un
trail de plaine de 28 km.
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