Il est un peu plus de 8 heures. Le soleil est levé depuis
peu. Il fait froid (-2°) en ce matin de début mars mais le ciel est bleu et
sans nuage. Je suis à Volvic, 500
m d’altitude, au pied de la chaîne des puys. Tout comme
moi, d’autres coureurs se préparent gentiment, dans le calme.
Il reste 20 mn avant le départ. Je vais au chaud dans le
grand gymnase. Le corps se réchauffe doucement. Allez ! A’ peine dix mn,
je vais au sas départ. Pas stressé car pas d’objectif. Mon seul but de s’être
inscrit au 42 km
du trail de vulcain (1600 D+), c’est de faire un bel entrainement en montagne.
J’ai fait 500 km
pour ça car chez moi dans la
Sarthe les dénivelés se font rares.
Le speaker nous annonce que les premiers de l’ultra, qui
sont partis dans la nuit, voilà 3 heures sont déjà en haut du Puy de dôme, 35
kms plus haut. Impressionnant.
Un petit coup de musique de Stromaë (c’est la mode, la
musique au départ des trails) et c’est parti ! Je pars doucement .A’ peine
500 m de
fait et une côte d’un kilomètre à 10%
dans les rues de la ville nous attend. Les muscles froids souffrent un peu. Je
fini, comme d’autres, la côte en marchant. « Rien ne sert de
courir… ». S’ensuit un chemin assez large, presque plat, assez agréable,
idéal pour parfaire l’échauffement. On a même droit à un petit sentier en
descente. Agréable. Puis, l’ascension reprend sur un chemin assez large. On
peut courir. Nous sommes maintenant en forêt.
Je n’ai plus froid mais on commence à voir de la neige dans
la forêt, éparse au début mais qui s’avérera de plus en plus présente. Je sais
qu’il a neigé voilà deux ou trois jours et hier soir après avoir été chercher
mon dossard, j’ai fait une petite reconnaissance en voiture et je sais ce qu’il
m’attend. A’ Volvic, pas un brin de neige mais dix km plus loin, tous les puys
et le plateau qui est à 1000
m d’altitude sont enneigés.
Cela grimpe maintenant, mode marche. Cela glisse un peu, la
montée, en monotrace est assez rude. Ce n’est que le début. Puis, une petite
descente arrive. Nous avons dû passer le premier puy, celui de la Nugère , nous devons être
vers 850 m
d’altitude. Nous faisons un petit sentier de liaison qui nous emmène vers une
autre ascension. Cela recommence à monter dur. Parfois, le pied glisse en
arrière sur la neige damée et gelée. Est-ce le fameux puy de la Louchardière annoncé
comme une horreur ? Trop tôt pour mon GPS et pas assez dur quand même. En
haut de se qui s’avèrera le puy de Ténuzet, la forêt s’éclaircit. En contrebas
du sentier, on voit une carrière de pouzzolane. Avec la neige, cela fait un
mélange de blanc et de rouge assez joli.
Une petite descente assez brève puis le sentier remonte. Mon
GPS indique km 12, je devrais être déjà à la Louchardière mais
même si cela grimpe, pour l’instant, ça va. Au bout de 500 m de grimpette sympathique,
ça y est, on le voit se fameux mur (200 m de D+ en 500 m ). Je vois la cohorte
ininterrompue de coureurs, on dirait une chenille qui monte.
Certains traileurs mettent des chaînes sous leurs
chaussures. D’autres sont équipés de bâtons. Moi, à part mes chaussures et mes
jambes, je n’ai rien. Vais-je le regretter ? Allez ! C’est parti. L’ascension
se fait lentement, les uns derrière les autres. J’aime bien ces montées pentues
si elles ne sont pas techniques. Je pense à la 6000D et à l’ascension vers le
glacier de Bellecôte. Je pourrais doubler mais inutile de trop forcer, on le
paie après. Déjà, là, ça me fait une belle séance de renforcement musculaire.
Au bout d’un moment, on double un, puis deux, puis trois coureurs quasi
arrêtés. Pour l’instant, je ne vois pas le haut. Je veux me retourner pour voir
derrière la chenille de traileurs qui monte mais mon pied glisse sur la neige
gelée.
Restons sérieux et concentré. Ca y est ! Le haut
arrive. Nous sommes à 1200 m ,
13 kms de fait.
C’est maintenant que la difficulté pour moi arrive : la
descente. Je suis mauvais descendeur et cette descente est annoncée difficile par
l’organisation. Je me suis entraîné cet hiver. Allez, on y va. La descente est
difficile mais sans pierre. J’essaie de rester souple, épaules en avant. Un
secteur plus compliqué, je descends latéralement. Un coureur Fangio me double
mais ne prend pas beaucoup d’avance. On sort progressivement de la forêt.
Sentier moins pentu mais plus glissant, épaules en avant « et… oui, belle
chute sur les fesses. Magnifique ! » Comme dirait Pierre Fula. Sans
mal, je repars. Je vois le plateau enneigé en contrebas. La descente d’un bon
km est terminée. Plutôt content de moi.
Un long et large chemin quasi plat nous emmène vers le
volcan de Lemptegy. Certains marchent pour reprendre leurs esprits et des
forces. Moi, je trottine gentiment. Au bout d’un moment, cela devient monotone.
Seul avantage, le soleil chauffe et nous devons être un peu au-dessus de 0°
maintenant. Au bout de 4 bons kms, nous entrons dans le volcan de Lemptegy qui se
visite à la belle saison. L’entrée est juste en face de Vulcania pour les
touristes intéressés. En fait, il n’y a pas de montée. Nous faisons le tour à
l’intérieur du cratère du volcan, cela est très minéral. Le tour fait un bon
km.
19e km à mon GPS, nous arrivons au ravitaillement
annoncé au 21e. Le ravitaillement se fait à l’intérieur d’un grand
hangar. La différence de température avec l’extérieur fait du bien. Je prends
le temps de remplir mes bidons et de bien me restaurer (orange, pain d’épices,
etc…).
Je ressors. La différence de température se ressent, le
froid tombe sur mes épaules, il faut trottiner pour se réchauffer
rapidement. Deux bons km de plat sur un large sentier. Je suis avec des
coureurs du 80 km
qui reviennent du puy de Dôme. Je demande à l’un d’entre eux comment c’était
là-haut, il me répond « magnifique, tout blanc, une belle monotrace sur la
neige ». Je suis impressionné par leur fraicheur alors qu’ils ont déjà 50 km dans les jambes.
La petite discussion nous emmène jusqu’au pied du puy de Gouttes.
La montée en sous-bois et dans la neige est rude, je double trois ou quatre
coureurs. Ça réchauffe les muscles. Km 22, nous arrivons au sommet du puy et là
une vue magnifique s’offre à nous. Le ciel est bleu. Là-bas, au loin, le puy de
Dôme tout blanc et, à nos pieds le plateau enneigé. Superbe ! Si vous
passez dans la région, je vous conseille la petite ballade. Je reste une
demi-minute à contempler le paysage. Certains traileurs prennent des photos.
Ils y aussi là quelques courageux supporters.
Je repars. Je suis sur une ligne de crête en légère
descente. Génial, super agréable. Puis une légère descente en sous-bois en
monotrace agréable. Je ne force pas, je suis en entrainement. La monotrace se
poursuit. On monte, on descend, on monte. Je ne sais pas trop où je suis. Je
sais qu’il y a une descente dangereuse au km 30. Km 29 sur mon GPS, je
suis seul en sous-bois, je commence à m’interroger. Ah si, la voilà, la fameuse
descente. Je suis en haut du puy de la Jume.
J ’ai passé le puy de la Coquille sans m’en apercevoir.
Celui qui me précède est 300 m plus bas. C’est parti
pour la descente, tout droit. Epaules en avant, ne pas stresser. Ça glisse. Les
quadriceps sont sollicités. Je m’accroche à quelques genêts. Ne pas stresser. Ça
glisse ça descend et finalement ça passe. Bas de la descente, arrivé sans
encombre, heureux de ma petite performance.
Allez, maintenant, descente confortable pendant quelques km
sur de larges chemins. Je retrouve quelques traileurs devant moi. Je suis
heureux, quel beau trail. Idéal pour le début de saison. Au fur et à mesure de
la descente, la neige s’estompe. On passe une route, faux-plat puis une montée.
Mode marche. Elle n’est pas très rude mais assez longue. Haut de côte, nouvelle
descente, je parle avec un traileur qui comme moi fait le 42 km . On voit la plaine de la Limagne , là-bas en contrebas. Quel contraste
saisissant ! Voilà quelques kms là-haut le plateau à 1000 m d’altitude était tout
blanc. Là devant moi, la plaine de la Limagne est toute verte, comme chez moi dans la Sarthe.
Nous arrivons au km 35, 2e ravitaillement. Je
prends mon temps, me restaure. Puis je repars. Le gars qui était avec moi veut
accélérer. Je le laisse partir. Je suis en entrainement. Descente agréable en
lisière de forêt, passage de portillons puis sentier dans des pâturages. Je
suis heureux d’être là même si je commence à avoir mal aux jambes. Une montée
s’annonce assez raide sur un large chemin. En haut, contrôle des organisateurs.
Puis des panneaux indiquent la gauche pour ceux du 80 km (ils ont encore une
bonne douzaine de km) et la droite pour nous. On rentre au bercail.
Bonne descente de 500 m . Je me fais doubler par
quelques coureurs. Les suivre ? Non, je suis en entrainement. Je vois le
château de Tournoël. Faux plat montant. Des coureurs marchent, d’autres
courent. Je trottine, me fais dépasser par ceux qui veulent finir en trombe,
pas grave. On arrive à Notre Dame de la Garde. Descente du chemin de
croix. Un couple de coureurs me double. La femme glisse sur les marches et
tombe sans mal. Ne pas prendre de risque si près de l’arrivée. Traversée de
tout le village en descente. Le gymnase est au loin là-bas. Je trottine. Les
derniers hectomètres me semblent longs. On fait le tour du gymnase puis on
entre par une porte latérale assez large et l’arrivée est là à l’intérieur.
5h50 mn 19 sec. Terminé.
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