jeudi 10 avril 2014

Le trail de Vulcain: un beau trail de fin d'hiver.

Il est un peu plus de 8 heures. Le soleil est levé depuis peu. Il fait froid (-2°) en ce matin de début mars mais le ciel est bleu et sans nuage. Je suis à Volvic, 500 m d’altitude, au pied de la chaîne des puys. Tout comme moi, d’autres coureurs se préparent gentiment, dans le calme.
Il reste 20 mn avant le départ. Je vais au chaud dans le grand gymnase. Le corps se réchauffe doucement. Allez ! A’ peine dix mn, je vais au sas départ. Pas stressé car pas d’objectif. Mon seul but de s’être inscrit au 42 km du trail de vulcain (1600 D+), c’est de faire un bel entrainement en montagne. J’ai fait 500 km pour ça car chez moi dans la Sarthe les dénivelés se font rares.

Le speaker nous annonce que les premiers de l’ultra, qui sont partis dans la nuit, voilà 3 heures sont déjà en haut du Puy de dôme, 35 kms plus haut. Impressionnant.

Un petit coup de musique de Stromaë (c’est la mode, la musique au départ des trails) et c’est parti ! Je pars doucement .A’ peine 500 m de fait et  une côte d’un kilomètre à 10% dans les rues de la ville nous attend. Les muscles froids souffrent un peu. Je fini, comme d’autres, la côte en marchant. « Rien ne sert de courir… ». S’ensuit un chemin assez large, presque plat, assez agréable, idéal pour parfaire l’échauffement. On a même droit à un petit sentier en descente. Agréable. Puis, l’ascension reprend sur un chemin assez large. On peut courir. Nous sommes maintenant en forêt.

Je n’ai plus froid mais on commence à voir de la neige dans la forêt, éparse au début mais qui s’avérera de plus en plus présente. Je sais qu’il a neigé voilà deux ou trois jours et hier soir après avoir été chercher mon dossard, j’ai fait une petite reconnaissance en voiture et je sais ce qu’il m’attend. A’ Volvic, pas un brin de neige mais dix km plus loin, tous les puys et le plateau qui est à 1000 m d’altitude sont enneigés.

Cela grimpe maintenant, mode marche. Cela glisse un peu, la montée, en monotrace est assez rude. Ce n’est que le début. Puis, une petite descente arrive. Nous avons dû passer le premier puy, celui de la Nugère, nous devons être vers 850 m d’altitude. Nous faisons un petit sentier de liaison qui nous emmène vers une autre ascension. Cela recommence à monter dur. Parfois, le pied glisse en arrière sur la neige damée et gelée. Est-ce le fameux puy de la Louchardière annoncé comme une horreur ? Trop tôt pour mon GPS et pas assez dur quand même. En haut de se qui s’avèrera le puy de Ténuzet, la forêt s’éclaircit. En contrebas du sentier, on voit une carrière de pouzzolane. Avec la neige, cela fait un mélange de blanc et de rouge assez joli.

Une petite descente assez brève puis le sentier remonte. Mon GPS indique km 12, je devrais être déjà à la Louchardière mais même si cela grimpe, pour l’instant, ça va. Au bout de 500 m de grimpette sympathique, ça y est, on le voit se fameux mur (200 m de D+ en 500 m). Je vois la cohorte ininterrompue de coureurs, on dirait une chenille qui monte.

Certains traileurs mettent des chaînes sous leurs chaussures. D’autres sont équipés de bâtons. Moi, à part mes chaussures et mes jambes, je n’ai rien. Vais-je le regretter ? Allez ! C’est parti. L’ascension se fait lentement, les uns derrière les autres. J’aime bien ces montées pentues si elles ne sont pas techniques. Je pense à la 6000D et à l’ascension vers le glacier de Bellecôte. Je pourrais doubler mais inutile de trop forcer, on le paie après. Déjà, là, ça me fait une belle séance de renforcement musculaire. Au bout d’un moment, on double un, puis deux, puis trois coureurs quasi arrêtés. Pour l’instant, je ne vois pas le haut. Je veux me retourner pour voir derrière la chenille de traileurs qui monte mais mon pied glisse sur la neige gelée.
Restons sérieux et concentré. Ca y est ! Le haut arrive. Nous sommes à 1200 m, 13 kms de fait.

C’est maintenant que la difficulté pour moi arrive : la descente. Je suis mauvais descendeur et cette descente est annoncée difficile par l’organisation. Je me suis entraîné cet hiver. Allez, on y va. La descente est difficile mais sans pierre. J’essaie de rester souple, épaules en avant. Un secteur plus compliqué, je descends latéralement. Un coureur Fangio me double mais ne prend pas beaucoup d’avance. On sort progressivement de la forêt. Sentier moins pentu mais plus glissant, épaules en avant « et… oui, belle chute sur les fesses. Magnifique ! » Comme dirait Pierre Fula. Sans mal, je repars. Je vois le plateau enneigé en contrebas. La descente d’un bon km est terminée. Plutôt content de moi.

Un long et large chemin quasi plat nous emmène vers le volcan de Lemptegy. Certains marchent pour reprendre leurs esprits et des forces. Moi, je trottine gentiment. Au bout d’un moment, cela devient monotone. Seul avantage, le soleil chauffe et nous devons être un peu au-dessus de 0° maintenant. Au bout de 4 bons kms, nous entrons dans le volcan de Lemptegy qui se visite à la belle saison. L’entrée est juste en face de Vulcania pour les touristes intéressés. En fait, il n’y a pas de montée. Nous faisons le tour à l’intérieur du cratère du volcan, cela est très minéral. Le tour fait un bon km.

19e km à mon GPS, nous arrivons au ravitaillement annoncé au 21e. Le ravitaillement se fait à l’intérieur d’un grand hangar. La différence de température avec l’extérieur fait du bien. Je prends le temps de remplir mes bidons et de bien me restaurer (orange, pain d’épices, etc…).

Je ressors. La différence de température se ressent, le froid tombe sur mes épaules, il faut trottiner pour se réchauffer rapidement. Deux bons km de plat sur un large sentier. Je suis avec des coureurs du 80 km qui reviennent du puy de Dôme. Je demande à l’un d’entre eux comment c’était là-haut, il me répond « magnifique, tout blanc, une belle monotrace sur la neige ». Je suis impressionné par leur fraicheur alors qu’ils ont déjà 50 km dans les jambes.

La petite discussion nous emmène jusqu’au pied du puy de Gouttes. La montée en sous-bois et dans la neige est rude, je double trois ou quatre coureurs. Ça réchauffe les muscles. Km 22, nous arrivons au sommet du puy et là une vue magnifique s’offre à nous. Le ciel est bleu. Là-bas, au loin, le puy de Dôme tout blanc et, à nos pieds le plateau enneigé. Superbe ! Si vous passez dans la région, je vous conseille la petite ballade. Je reste une demi-minute à contempler le paysage. Certains traileurs prennent des photos. Ils y aussi là quelques courageux supporters.

Je repars. Je suis sur une ligne de crête en légère descente. Génial, super agréable. Puis une légère descente en sous-bois en monotrace agréable. Je ne force pas, je suis en entrainement. La monotrace se poursuit. On monte, on descend, on monte. Je ne sais pas trop où je suis. Je sais qu’il y a une descente dangereuse au km 30. Km 29 sur mon GPS, je suis seul en sous-bois, je commence à m’interroger. Ah si, la voilà, la fameuse descente. Je suis en haut du puy de la Jume. J’ai passé le puy de la Coquille sans m’en apercevoir.

Celui qui me précède est 300 m plus bas. C’est parti pour la descente, tout droit. Epaules en avant, ne pas stresser. Ça glisse. Les quadriceps sont sollicités. Je m’accroche à quelques genêts. Ne pas stresser. Ça glisse ça descend et finalement ça passe. Bas de la descente, arrivé sans encombre, heureux de ma petite performance.

Allez, maintenant, descente confortable pendant quelques km sur de larges chemins. Je retrouve quelques traileurs devant moi. Je suis heureux, quel beau trail. Idéal pour le début de saison. Au fur et à mesure de la descente, la neige s’estompe. On passe une route, faux-plat puis une montée. Mode marche. Elle n’est pas très rude mais assez longue. Haut de côte, nouvelle descente, je parle avec un traileur qui comme moi fait le 42 km. On voit la plaine de la Limagne,  là-bas en contrebas. Quel contraste saisissant ! Voilà quelques kms là-haut le plateau à 1000 m d’altitude était tout blanc. Là devant moi, la plaine de la Limagne est toute verte, comme chez moi dans la Sarthe.

Nous arrivons au km 35, 2e ravitaillement. Je prends mon temps, me restaure. Puis je repars. Le gars qui était avec moi veut accélérer. Je le laisse partir. Je suis en entrainement. Descente agréable en lisière de forêt, passage de portillons puis sentier dans des pâturages. Je suis heureux d’être là même si je commence à avoir mal aux jambes. Une montée s’annonce assez raide sur un large chemin. En haut, contrôle des organisateurs. Puis des panneaux indiquent la gauche pour ceux du 80 km (ils ont encore une bonne douzaine de km) et la droite pour nous. On rentre au bercail.

 Bonne descente de 500 m. Je me fais doubler par quelques coureurs. Les suivre ? Non, je suis en entrainement. Je vois le château de Tournoël. Faux plat montant. Des coureurs marchent, d’autres courent. Je trottine, me fais dépasser par ceux qui veulent finir en trombe, pas grave. On arrive à Notre Dame de la Garde. Descente du chemin de croix. Un couple de coureurs me double. La femme glisse sur les marches et tombe sans mal. Ne pas prendre de risque si près de l’arrivée. Traversée de tout le village en descente. Le gymnase est au loin là-bas. Je trottine. Les derniers hectomètres me semblent longs. On fait le tour du gymnase puis on entre par une porte latérale assez large et l’arrivée est là à l’intérieur. 5h50 mn 19 sec. Terminé.


Je finis 354e sur 574 arrivants mais le classement m’importe peu. Vraiment content de ce trail, quel bel entrainement. Je reviendrais.

vendredi 6 septembre 2013

Trail Ubaye Salomon


Depuis longtemps, j’avais repéré ce trail dans les magazines spécialisés. Alors, quand il a fallu sélectionner notre lieu de vacances, j’ai proposé à la petite famille la région de la vallée de l’ubaye, avec succès. Seul bémol, six semaines avant, le marathon du Mont blanc était au programme. A que cela ne tienne, je tente l’aventure de deux trails de 42 km en six semaines.

Ce matin, il fait beau sur Barcelonnette, lieu de départ. Nous sommes 390 inscrits. La petite place commerçante est remplie de traileurs. N’ayant pas d’objectif particulier, je me mets vers la fin du peloton. Le départ est donné. Nous traversons le centre de Barcelonnette puis, rapidement, nous arrivons le long de l’Ubaye. Les six premiers kilomètres sont plats. Je ne pars pas trop vite, d’autant plus que j’ai pris un copieux petit déjeuner, voilà 1h30 (oui, je sais, il faudrait 3 heures) et que celui-ci me ballonne un peu dans le ventre.  

Au sixième km,  1er ravitaillement, plutôt inutile puisqu’au bout d’une demi-heure de course. Christelle et Titouan sont là pour m’encourager. La première montée arrive, 600 m de D+ au programme. Cela monte fort sur trois km. Nous sommes en forêt, il fait frais. Même si j’aime les montées, je ne cherche pas à doubler, de toutes façons c’est difficile sur ces monotraces. Puis suivent 3 kms en balcon, tantôt montant, tantôt descendant. Un gars fait bouchon, nous sommes une dizaine derrière lui. Arrive, le col de baume longe, toujours sous les sapins. La monotrace continue en balcon mais  nous sommes maintenant versant sud et la forêt devient moins dense, le sentier plus pierreux. Nous arrivons dans un endroit où le sentier fait moins de dix centimètres de large et laisse place au vide. Un bénévole est là, nous montre le filin installé sur la falaise et nous préconise d’être prudent. Le passage n’est pas long, pas plus de dix mètres, pas rassuré, mais il faut y aller.
La descente, toujours en monotrace, arrive, sèche. Etant le plus nul des nuls en descente, je laisse plusieurs coureurs passer. Deux km de descente puis nous arrivons au Villars d’Abas, km 15 en deux heures, lieu du deuxième ravitaillement. Je prends le temps de remplir mes bidons puis c’est reparti. 600 m de bitume sur une petite route. Deux organisateurs qui pointent nos passages m’annoncent 231e. Je suis parti lentement.

Nous entamons une montée rude. Je me sens bien. Les coureurs qui me précèdent n’avancent pas. Je ne peux pas doubler. Et contrairement à moi qui laisse  passer les descendeurs, là, en montée, je n’ai pas le droit à la même courtoisie. Nous arrivons sur un alpage, la montée est toujours rude, je me mets à doubler en passant « dans le génépi ». Après trois km, nous arrivons devant une croix de 3 mètres de haut. A’ partir de là, nous retrouvons un sentier qui permet de courir par endroit. Nous nous enfonçons dans la forêt. Le rythme est bon. Cela dure bien 3 km. Nous arrivons au km22, lieu du 3e ravitaillement. Comme je sais que le plus dur nous attend, je prends de temps de remettre mes bidons à niveau et je prends un gel anti-crampes. 3mn d’arrêt, je repars.
Et là, j’ai droit à 3 beaux km de montée. C’est dur mais je me fais plaisir. En lacets, le sentier monte, d’abord en forêt, puis rapidement dans une « prairie » pierreuse qui, elle-même,  laisse place progressivement à la pierre. Je peux doubler, je ne m’en prive pas. Les lacets deviennent très courts et très pentus. Il faut maintenant grimper avec les mains le mur qui s’offre à nous. Ce n’est pas une cheminée mais presque. Ca me rappelle un peu la montée du Canigou. J’arrive en haut, et là, surprise, on n’est pas en haut. Je vois le sommet qui me parait assez loin. En fait, nous redescendons légèrement puis suivons sur 500m un petit cirque. C’est beau mais le sentier n’est pas large et un peu vertigineux. Ce passage se fait malgré tout en courant. Puis au bout du cirque, nous reprenons une arrête. Cela grimpe fort sur 300 m. A’ la fin, il faut mettre les mains puis nous arrivons enfin au sommet (Km 24, alt : 2682 m). Il y a là des organisateurs, un photographe et quelques bons  randonneurs qui nous encouragent. Par la suite, d’après les photos de l’album du photographe, j’ai dû passer 171e, ce qui ne m’étonne pas vu le nombre de coureurs que j’ai doublé sur les 10 bornes de montée.

Maintenant, je sais que j’ai mangé mon pain blanc et que le plus dur reste à faire avec la descente.
En effet, dès le début, le petit sentier descend très fort et c’est très caillouteux. Un coureur me double et me lance « tu as l’air craintif, ne prends pas de risques si tu as peur » puis je le vois s’éloigner rapidement, tel un cabri tandis que moi je continue ma descente, totalement crispé.
Au bout d’un petit kilomètre la descente vertigineuse cesse. Cent mètres de montée dans la rocaille puis nous arrivons au col du Gyp. Nouvelle descente, toujours forte mais avec moins de pierre. Inutile de dire que je me fais régulièrement doubler. Je ne suis pas relâché donc je sais que je perds inutilement de l’énergie. La descente progressivement s’adoucit. Je sais qu’il y a trois km entre le col du Gyp et le col de Fours. Nous rattrapons maintenant des alpages. Je vois, 500 m devant moi des coureurs qui montent au col. La montée est brève mais je redouble deux coureurs. Je suis au col des Fours, km 28 (alt : 2314m).J’ai perdu de l’énergie dans la descente technique mais, pour l’instant, ça va.
Au col, des organisateurs ont là avec un 4x4, cela signifie que l’on revient à la civilisation. La descente est une piste de ski, elle n’est donc pas technique mais cependant très raide, le 4x4 a dû peiner à monter. Je suis avec deux coureurs, ils me prennent cinquante mètres d’avance mais j’arrive à stabiliser mon allure. On tourne sur la droite et descendons une pairie droit dans le pentu. L’allure est bonne, je ne perds pas de temps sur mes prédécesseurs, les cuisses et d
les genoux dégustent un peu. Je sais que Christelle et Titouan m’attendent au prochain ravito. On arrive sur un large chemin pierreux, cela descend toujours assez fort. Au bout de 3 km de descente, j’aperçois des spectateurs, ils sont là tous les deux, nous sommes au derniers ravito (km 31).

Petite pause, petits bisous. Remplissage des bidons. Il reste 11 km. Je repars. Petite montée très raide puis petit chemin agréable en légère descente. J’arrive à Supersauze. Puis, nous prenons un large chemin en balcon, quasi plat, de couleur cendrée, pendant une couple de km. La fatigue commence à se faire sentir.
 Arrive une descente, toujours  sur un chemin large. Mes quadriceps me font mal, je devrais accélérer mais je ne peux pas. Il doit rester 6 km maxi. Ça y est, des coureurs commencent à me redoubler dont trois féminines. Ils profitent pleinement de la descente alors que moi je reste scotché. Puis arrive un petit sentier dans la forêt, la descente s’accentue encore (20 à 25% environ).  Il achève mes quadriceps. Enfin, j’entends du bruit, des spectateurs. Le chemin débouche sur un chemin goudronné tout plat, ça fait du bien. Je peux relancer un peu, je bifurque à droite, puis à gauche sur une passerelle qui enjambe l’Ubaye. Je suis à Barcelonnette.
Quelques rues puis j’entre dans le parc de la sapinière, lieu d’arrivée. Je cherche Christelle et Titouan du regard. Je voudrais prendre le petit avec moi pour passer l’arrivée mais je ne vois personne, déçu, tant pis. Arrivé en 6h38. 196e sur 333.
Je souffle, récupère, appelle Christelle, le petit dort, il était fatigué. Allez, j’ai faim. Le plateau repas offert par l’organisation est bienvenu. Puis, en  attendant Christelle, déchaussé comme beaucoup de coureurs, je marche pieds nus sur la pelouse du parc. Délicieuse sensation. Je vais voir mon classement, m’aperçois que les trois féminines m’ont pris 10 mn sur les 6 derniers km. Il faudra vraiment que je m’améliore en descente.  Mais comment faire pour m’entrainer, c’est tout plat chez moi, dans la Sarthe !!!

Finalement, ce trail est beau mais plutôt technique, rien à voir le marathon du Mont-blanc que j’ai fait six semaines plus tôt. Une belle expérience malgré cette frustration latente d’être nul en descente.

jeudi 11 juillet 2013

Marathon du Mont-Blanc: Petite ballade chamoniarde.


Fin septembre 2012, des collègues décident d’organiser un déplacement pour le marathon du Mont-Blanc. Qui est partant ? Oui, bof, pourquoi pas. Finalement, je m’inscris, début octobre, juste quelques heures avant la clôture des inscriptions.
Après un hiver de récupération, un bon début de printemps sur des 10 kms, un premier trail de préparation en Bretagne, voilà que je me fais une grosse entorse 7 semaines avant la course. 2 semaines d’arrêt d’entrainement, une reprise en douceur, puis trois grosses sorties d’endurance notamment, et me voilà, ce matin, au départ du marathon du Mont-Blanc, qui n’a de marathon que de nom puisque c’est un vrai trail de montagne.

Je travaille dans une banque régionale. Notre petit groupe est composé de Marc et Eric, deux administrateurs originaires de la Mayenne, de six collègues du Maine et Loire (deux informaticiens, Thierry et Francis, un responsable des affaires internationales, notre organisateur Jérôme, un spécialiste de l’agriculture, Marc, un salarié de la DRH, Mikaël, et un jeune Adjoint à Directeur d’agence, Guillaume), et de deux Sarthois, Michel, Directeur de l’agence où je travaille (nous avons la même passion) et moi assistant clientèle et par ailleurs délégué syndical.

Hier, le temps était déplorable. Pluie et froid. Il est presque 7 heures du mat, la météo annonce du soleil. Pourvu qu’elle dise vrai. Nous sommes  plus de 2000 concurrents. Notre petit groupe se disperse un peu avant le départ, sans précipitation.
Ça y est, le peloton s’élance. J’ai décidé de ne pas forcer sur ce trail, par précaution. Je pars doucement. Sur le premier kilomètre, pas mal de coureurs me dépassent. Ou vont-ils si vite ? Au 2e kilo, cela commence à se calmer. Nous sortons de Chamonix, le chemin est large et plat. Cela permet au peloton de s’étirer. Du 3e au 5e kilomètre, j’accélère un peu pour doubler facilement, sur le bord du chemin, plusieurs dizaines de concurrents, puis je reprends un tempo raisonnable. Les grosses difficultés commencent au kilomètre 18 donc ne pas s’affoler. Petit à petit le chemin rétrécit, quelques brèves montées apparaissent. Je garde mon tempo, double les téméraires qui étaient partis trop vite. Kilomètre 10, premier ravito à Argentière, je zappe. J’ai mon ravitaillement sur moi et ai décidé de respecter scrupuleusement mon protocole d’alimentation afin d’éviter la mésaventure qu’il m’était arrivé sur les Templiers. 

Un ralentissement se produit à l’entrée d’un « single », les coureurs marchent. Au bout de 100 mètres, début de montée.  Surtout, ne pas s’épuiser prématurément. Cela dure une couple de kilomètres, le pourcentage de montée n’est pas extraordinaire. Puis reprise du mode course. Cela descend maintenant. Arrivé à Tré le Champ, nouveau single puis un chemin plus large en légère descente, toujours cool, je fais attention à ma cheville. Vallorcine et son ravitaillement sont en vue. J’y suis en 2 heures.
Au ravito, je prends le temps de remplir mes bidons, un bénévole m’aide. Super sympa. Je repars, fais quelques centaines de mètres puis vois la file indienne qui attaque la grosse montée sur les Posettes. Ceux qui en ont utilisent leurs bâtons. Personnellement, je n’en prends pas, j’ai du mal à les utiliser et, franchement, sur un tel parcours, ils ne sont pas très utiles.
Comme on ne peut pratiquement pas doubler, je suis la longue cohorte. Là, le pourcentage est rude. Surtout ne pas se mettre dans le rouge. Certains essaient de forcer le passage, ils s’échinent et s’épuisent inutilement. Le petit chemin s’élargit un peu, me mets aussi à doubler uniquement ceux qui sont conscients qu’ils sont de piètres grimpeurs et nous laissent passer ou ceux qui soufflent déjà à perdre haleine.

Trois kilomètres de cette rude montée puis nous arrivons sur une large piste. Cela grimpe toujours mais plus raisonnablement. Mode marche rapide. Tout va bien. Au bout d’une couple de kms, nous arrivons sur l’alpage du col des Posettes. Vue magnifique sur le massif du Mont-Blanc. Un beau soleil. Pas un nuage. Le massif impressionnant se dessine sur un ciel bleu d’azur. Il fallait venir là juste pour cette image.

Je reprends la montée vers l’aiguillette des Posettes, en alpage, puis sur un chemin plus étroit et pierreux. Un petit kilomètre et nous sommes au sommet. Encore un regard sur le spectacle qui s’offre à nous puis j’entame la descente.
Mauvais descendeur, avec une cheville encore capricieuse, je prends mon temps, me laisse doubler. Inutile de faire le kéké. De toutes façons, ceux qui descendent vite sont soit meilleurs que moi et je ne les reverrai pas, soit des gars qui me prendront 5 à 10 mn, vont s’éclater les quadriceps et je les reverrai sur la montée.

Sur trois kilomètres, la descente est technique avec des espèces de marches, je fais attention. Puis le chemin se met à descendre en lacets sans trop de pierres. Là, sans problème, je peux suivre les coureurs qui me précèdent. Nous arrivons au hameau du Tour, des spectateurs sont là et m’encouragent « Allez Pascal ! Allez Pascal ». Je dois être connu ici. 
Non pas du tout mais nos prénoms sont inscrits sur les dossards et ces encouragements donnent chaud au cœur. Encore 3 kilomètres en légère descente puis nous approchons du ravitaillement de Tré le champ.
« Allez Pascal ! Allez Pascal ». Merci, je vous en prie. « Allez Pascal, Allez Pascal ».

« Allez Francesca ! Allez Francesca » Comment ça, allez Francesca ? Je me retourne et vois près de moi une jolie blonde. Evidemment, à l’applaudimètre, je ne fais pas le poids.
A’ l’entrée du ravito, je vois Agnès, la compagne d’un de mes compagnons d’aventure. Elle me prend en photo, me demande si tout va bien, lui répond que oui.
Au ravito, je remplis mes bidons. De nouveau un bénévole m’aide. Vraiment accueillants ces bénévoles. Puis je repars, 31 kilomètres de parcourus, encore 11, mais pas le moindre bobo ou la moindre douleur.

Nous montons dans la forêt sur le flanc de la montagne. La montée est entrecoupée de légers faux plats et quelques descentes où on peut relancer. Je commence, sans forcer, à doubler quelques concurrents. Je suis bien, à l’aise. Francesca est toujours avec nous. Elle est anglaise. Nous sommes un groupe de quatre, cinq coureurs, qui avons la même allure. On se suit sur une vingtaine de mètres.
Je prends le temps de manger, tranquillement, en marchant. L’arrivée se rapproche mais il reste presque 2 heures de course. A’ un moment, nous apercevons, en hauteur, une arrivée de télécabine (ou télésiège, je ne sais plus). C’est la Flégére, dernier ravitaillement. Cela grimpe plus fort, mais finalement, ça passe bien.

Au ravito, dernier remplissage de bidon, puis c’est reparti. Reste 6 km. Nous sommes maintenant en balcon au-dessus de Chamonix. Le petit chemin est quasi plat. Nous pouvons courir. Lors des traversées de pierriers, je préfère marcher. Pas envie mettre à mal ma cheville. Ce chemin dure quelques kms  puis nous passons sur une zone en peu plus aérienne. Il convient de faire attention. Je ressens un peu de fatigue mais rien d’anormal. Une petite montée technique puis une descente toujours sur le sentier. On entend, au loin,  la sono d’arrivée. Petite montée sur le sentier puis nous arrivons sur une large descente, une piste de ski, je suppose. 500 m de descente puis nous apercevons tout là-haut l’arrivée. Il reste moins de deux kilomètres mais, comme qui dirait, la pente est rude.

Francesca est à mes côtés. Elle a un peu de mal dans la montée. Allez, je ne vais pas être un gougeât. Je l’attends et l’encourage. Plusieurs coureurs nous doublent. Pas grave. La foule de spectateurs est dense. Ils crient, ils vocifèrent, nous encouragent. On se croirait en haut d’un col du tour de France. Il reste 200 m, c’est un mur qui s’offre à nous. Francesca peine. Allez ! Deux autres féminines nous rejoignent. Elle accélère enfin, il reste trente mètres. On peut courir. Je laisse passer les dames. Stop. C’est fini. 
6H22 mn. 659e. Pas mal aux jambes. Pas de crampes. Je suis heureux. J’ai respecté mon protocole alimentaire, je ne me suis pas mis « dans le rouge ». Je pense que je peux faire, dans six semaines, mon prochain objectif : le trail Ubaye Salomon, un 42 km avec 2500 D+ et 2500 D-.
Au ravito d’arrivée,une bière est offerte. Pourquoi pas ? Elle est bien fraîche. Je retrouve Guy, le beau-frère de Michel, membre du club d'Endurance 72. C'est bizarre, nous arrivons à 4 secondes l'un de l'autre et on ne s'est jamais vu sur le parcours. Lui aussi à l'air en forme.
En face de moi, je vois le massif du Mont-Blanc, et j’aperçois le Mont-Blanc lui-même tout là-haut, sans un nuage. Magnifique.

L’ensemble de mes compagnons arrivera sans encombre avec des souvenirs plein la tête d’une belle ballade chamoniarde. Une mention à Francis, qui avant cette équipée, n’avait fait que des semi-marathons et un trail de plaine de 28 km.

mercredi 24 avril 2013

Trail de l'Odet: Viva Stangala !


Six mois ! Six mois sans faire de trail. Depuis le trail des Templiers. Une coupure annuelle, puis une reprise d’entrainement interrompue par une vilaine blessure au cœur de l’hiver. Un entrainement axé sur le renforcement musculaire et la VMA avec  deux courses de 10 km en mars et avril (40mn 57sec et 39mn 59 sec). Et puis voilà.
Je suis là au départ du trail de l’Odet, un 26 km près de Quimper, profitant d’une semaine de vacances en Bretagne. Le but de ce trail : un entrainement, un retour aux sources, vérifier mon protocole d’alimentation en course défini cet hiver, retrouver des sensations.
Je m’installe à 10 m de la ligne de départ, laissant cette distance pour que les meilleurs s’agglutinent devant. Mais non, personne n’a l’air stressé ou pressé. Résultat, le speaker nous demande d’avancer et je ne retrouve en deuxième ligne avec les costauds. Flagornerie de courte durée, je me dis. Cinq, quatre, trois, deux, un ! C’est parti ! Tiens, je reste au contact des premiers. Cinq cents mètres, huit cent mètres. Ils ne sont que trente mètres devant. Nous sommes en 4mn 10 au kilo.
 Je ralentis par mesure de sécurité. C’est y est le terrain, tout en restant roulant devient un peu moins carrossable. Les meilleurs s’envolent. Je me fais doubler, ça me rassure. Pendant quatre bons kilomètres, le sentier reste roulant et praticable, je suis à 4mn 30 au kilo, à l’aise. Puis nous entrons dans un champ labouré, les chevilles sont sollicitées. S’ensuit un chemin d’abord à travers prés puis le long d’un petit ru. Bonjour la boue.
Puis arrive les premiers « single », en dévers, au milieu de bois en pente. Vers le septième kilomètre, arrive l’Odet. Il faut traverser la rivière. D’abord se mettre en équilibre sur un gros tronc d’arbre horizontal, qui commence à être glissant puis sauter dans l’eau. Pas le temps de savoir si elle est froide. On a de l’eau jusqu’en haut des cuisses, le courant est fort, quinze mètres de traversée avec beaucoup de cailloux dans le lit de la rivière. Deux cordes de sécurité sont installées et une jolie plongeuse blonde (Marina de son prénom nous a dit le speaker) veille sur nous au milieu de la rivière.
La sortie est glissante. On repart. Puis, s’ensuit de longs mini sentiers, tortueux, caillouteux tour à tour montant puis descendant sur le flanc du Stangala, un promontoire boisé de 120 m au-dessus de la rivière. C’est le point d’orgue de ce trail. Je me fais doubler régulièrement, notamment dans les descentes où je suis toujours aussi nul,  mais je n’essaie pas de suivre. Je reste à mon allure. Depuis le début d’année, je n’ai fait que deux sorties de plus de 20 kilomètres et une seule vallonnée. Donc prudence.

Les kilomètres s’enchainent sur ses petits singles usants. Les flancs du Stangala sont finis. Maintenant nous longeons la rivière sur un petit chemin relativement plat mais tortueux, plein de racines et de pierres. Attention aux chevilles, je ne lève pas les yeux du sol. Ce chemin dure plus d’un kilomètre, puis, par une passerelle, nous traversons la rivière puis la longeons  dans l’autre sens. Le chemin est plus large. Cela me permet de voir ceux d’en face qui sont sur le sentier que j’empruntais voilà quelques minutes. Je peux allonger ma foulée.
Après deux bons kilomètres, nouvelle traversée de rivière, l’eau monte jusqu’à la taille. Le fond est moins caillouteux à cet endroit mais le courant est fort. Marina n’est pas là, c’est Robert qui la remplace. Je ressors du bain. Direction, une succession de prairies. Je sèche rapidement malgré tout. Nouveaux « singles » tortueux dans une pente boisée. Je maintiens une bonne allure. Je passe une écluse, je suis seul. Personne devant, personne derrière. Je m’engage dans un bois, les chemins sont plus larges mais les rubalises se font rares.
Je fais attention à ne pas prendre un mauvais chemin. Seul, toujours seul. Cela dure un certain temps. Finalement, je vois des signaleurs, je suis sur le bon chemin. Je commence à cogiter. Combien y a-t-il de V2 devant moi ? 25 kilomètres de fait. Il reste maximum 1kilomètre et demi. J’aperçois deux concurrents devant, je me retourne, personne derrière. Allez ! Je les rattrape. Doucement, je fonds sur eux, les dépasse. Mais près de 27 kilomètres à mon GPS et toujours pas d’arrivée. Une côte, je temporise et marche. Erreur grave. Trois énergumènes me doublent. D’où viennent-ils ? Le temps de me relancer, ils me prennent 30 mètres. L’arrivée est là, à 300 mètres. Je force l’allure mais eux aussi.
Je passe l’arrivée en 2h 38mn 12 secondes. Je suis content de mon temps pour un trail de reprise. Globalement heureux, je ne me sens pas usé. Juste un peu déçu de m’être fait bêtement doubler à la fin par ces trois coureurs. Finalement, aux dires de tous, ce trail s’avère assez technique. Première préparation pour le marathon du Mont-blanc prévu fin juin.

Deux jours plus tard, j’apprendrais mon classement en regardant internet : 58e sur 195, mais quelque peu frustré puisque je finis 4e V2 sur 34 et, évidemment, le 3e V2 finit 10 secondes devant moi. C’était un de mes trois énergumènes. Tant pis pour moi. 

mardi 6 novembre 2012

Grande course des Templiers : Plaisir et douleurs.


Dès le début de ma saison, j’avais mis la grande course des templiers comme objectif d’automne. N’ayant jamais fait une telle distance (72 km), c’était un peu l’aventure. Je décide de demander conseil à Eric, un entraîneur chevronné.Et comme par hasard, il m’informe qu’il fait lui aussi cette course ainsi qu’un groupe de sa connaissance composé de plus d’une vingtaine de coureurs, certains sur le 29km (la Mona Lisa), d’autres sur le 40 kms (le marathon des causses) et d’autres sur le 72 km.

Dans la voiture qui nous emmène vers Millau, je comprends vite que mes quatre camarades de voyage (Eric, Patrick, Bruno et Vincent) sont d’un niveau largement plus élevé que le mien. Je fais un peu « randonneur » à leur côté. Julien, un autre traileur de bon niveau, a réservé pour la vingtaine de coureurs des chalets à Rivières sur Tarn. Je me retrouve logé avec mes quatre amis de voyage. Le samedi, nous allons chercher nos dossards dans le village départ, on sent l’ambiance monter, d’autant que le départ de la Mona Lisa puis du marathon des causses est donné.

Au retour, nos coureurs nous informent qu’il fait un froid de canard sur le causse. Pas rassurant. La météo annonce une forte baisse de la température pour cette nuit. -4 avec ressenti -9 sur le causse pour la fin de nuit prochaine. J’ai pris les vêtements (avec les trois couches : respirant, chaud, isolant) en conséquence mais, malgré tout, je ne suis pas si rassuré.

Comme des bébés, nous sommes couchés vers 20h30. Réveil à trois heures du mat. Direction Millau. Il fait froid. Nous nous garons loin du départ. Les 2300 coureurs convergent vers les sas. Nous ne sommes pas en avance. Nous nous éparpillons. A’ cinq minutes du départ, j’ai perdu mes colocataires.  Il est presque 5h15mn, heure du départ. Au milieu du peloton, l’ambiance se réchauffe d’autant plus que la sono commence à diffuser la musique d’ERA. Nous allumons nos frontales. Les fumigènes rouges s’allument dans le ciel, le départ est donné. C’est grandiose.

Désenchantement. Mon GPS ne se met pas en route. Je me mets sur le bas-côté, essaie de relancer la demande satellite plusieurs fois, rien à faire. Tout le peloton est parti. Tant pis, j’y vais à l’ancienne, juste avec le chrono. Je pars donc bon dernier. Ah non, je vois deux ou trois retardataires qui, comme moi, essaient de rattraper le peloton. Je ne stresse pas. Je sais qu’il va y avoir des bouchons mais sur 72 km, j’ai le temps. Je double un peu sans forcer. La route est large sur deux kms puis plus étroite. La montée commence, légère au début, puis un peu plus prononcée. Certains marchent déjà. Je double en trottinant. Nous nous engageons sur un chemin qui grimpe dur. Comme tout le monde, je passe en mode marche. Bouchon. Nous montons tranquillement la longue côte de Carbassas. La montée est longue, près d’une demi-heure. Le sol est gelé, la pente est glissante par endroits. J’essaie de relancer mon GPS. Après plusieurs tentatives, en haut de la côte, il se met enfin à fonctionner, avec au moins 6 ou 7 km de retard.

Une heure de course, je mange mais ma barre alimentaire s’est durcie avec le froid. Mes dents ont du mal à la couper. Allez ! Je suis sur le causse maintenant. Le chemin est large. Je peux enfin courir à mon allure. Sans forcer. Je suis à 5mn 40 au kilo. Je double tranquillement. Il fait froid, il y a du vent et quelques flocons de neige tombent mais mes vêtements sont bien adaptés. Mon bonnet et mes gants sont chauds. Finalement, je suis bien. Petit à petit, le jour se lève. Après 12 kms de causse, nous entamons la descente, large et douce au début. Je double encore. Puis le chemin devient monotrace et plus technique. Nous voyons Peyreleau (22e km). 1 er ravito. J’y suis en 2 h35 mn (1246e).

Je reste 3 mn au ravito puis j’entame la remontée sur le causse. Nous sommes à la queue leu leu. Cela n’avance pas vite mais impossible de doubler. Ce n ‘est pas grave, je garde des forces. 3 ou 4 km de montée. Enfin, un chemin large. Nous sommes presqu’en haut du causse. Je peux doubler. Je trottine. Vers le 30e km, je double Urbain. Il me dit qu’il a un problème au genou. Je lui réponds de continuer tranquillement. Maintenant, la végétation du causse change. Nous étions protégés par des arbustes, nous sommes maintenant au milieu des champs. Le vent est glacial. Le deuxième ravito, Saint André de Vézines, est en vue. 4h04mn de course (1042e), 34,5 km de fait. Tout va bien.

Nous sommes dans une grande grange. Je veux prendre mon tube d’Isostar mais quand j’ouvre, les cachets, sous les chocs répétés, se sont transformés en poudre et j’en déverse plus de la moitié à côté. Par ailleurs, mes barres énergétiques sont toujours aussi difficiles à manger. « Allez ! Tant pis, je me casse. » D’autant qu’il fait froid dans cette grange.

A’ part le vent froid sur ce causse dégagé, tout est ok. Je fais une pause technique. Avec le froid, mon petit tuyau n’est pas bien vaillant. C’est reparti ! J’arrive en haut d’une falaise. Nous sommes en chemin monotrace, la vue est splendide. Nous traçons en balcon sur quelques kilomètres, les photographes sont là. Devant moi, un petit groupe fait les fanfarons pour la circonstance.


Notre petit groupe entame la descente. Celle-ci est technique et glissante. Je me retrouve sur les fesses mais le moral est là. Malgré la difficulté, l’allure est rapide. Je suis quelques coureurs aguerris. A’ un moment, l’un d’eux nous dit que le paysage est splendide. Il a raison, nous levons les yeux et voyons sur une falaise voisine, un petit hameau, semi désertique. C’est beau ! Mais il faut continuer. En bas de la descente, nous sommes à la Roque Saint Marguerite, nous traversons la Dourbie.


Troisième difficulté de la journée. Je montre tranquillement en marchant, bois et mange. Nous arrivons maintenant en haut du causse du Larzac. Cela me rappelle des souvenirs.
 Voilà une dizaine d’années, j’étais venu en vacances par ici et, par hasard, au hameau de Montredon, à 7 ou 8 km d’ici, j’avais vu une vedette, le patron des lieux, en bottes, en train de nourrir ses animaux, José Bové. De même, dans une ferme avoisinante j’avais trouvé un super pastis, le « pastis des Homs ». C’était il y a longtemps.

Retour à la course. Le3e ravito est en vue. Pierrefiche, 48,5 km en 6h21mn (916e). Il me reste 23 kms. J’avais prévu 12 heures de course, j’envisage l’espoir de finir en moins de 11 heures.  Le soleil pointe le bout de son nez. Les copains qui ont fait le 29 ou le 40km hier sont là. Ils m’encouragent, tout va bien. Au ravito, j’essaie de retrouver les barres aux amandes si délicieuses que j’avais prises à Saint André de Vézines, en vain. Dépité, je repars.


Je trottine quelques kilomètres sur le causse. Des petites douleurs apparaissent. Au bout de plus de cinquante km, s’est normal. S’ensuit la descente, un peu longue. Nous revenons au dessus de la Dourbie. L’allure est bonne. Cependant, le long sentier, étroit, en devers, commence à me faire mal. Sensation bizarre. Il est long ce sentier au dessus de la Dourbie. Nous abordons une montée. Je sais qu’elle est nouvelle par rapport aux éditions précédentes. Sur le papier, elle est courte. Dans les faits, elle m’use. Je ralentis. Pourtant pas dure mais j’ai du mal. Enfin, en haut. Vivement la descente. Mais celle-ci aussi me fait mal. Les crampes sont là.

Je vois le pont sur la Dourbie, puis le hameau : Massebiau. J’ai mal. Je passe le hameau. Au loin, je vois Millau et le viaduc. 60e km, reste 12km. Mais quels kilomètres ! J’entame la montée. Quelques hectomètres. Mal. Je titube. Un spectateur me demande si ça va. Non ! Ca ne va pas. Je continue. Les jambes sont bloquées. 3 km de montée, je ne pourrai jamais. Je m’arrête, m’affale sur le flanc de la colline. Au fait, depuis combien de temps, j’ai mangé ? Je ne sais pas, je ne sais plus. Envie d’abandonner. Cela ne m’est jamais arrivé.

Je suis assis, les coureurs passent. Je prends un gel anti-crampe, j’aurai dû le faire plus tôt. Je repars, gémit. Cinquante mètres. J’arrête. Un coureur me lance, de façon péremptoire : « Allez ! On monte ». Il a raison. J’essaie de suivre.  Je ne le suis pas, mais j’avance. Péniblement. Par à-coups. La côte est longue. Je me fais doubler. Je suis un zombie en marche. La côte durcit encore. Je n’aime pas les bâtons mais j’avoue que là, ça m’aiderait bien. Le haut est abrupt sur quelques centaines de mètres. Je suis à quatre pattes. C’est long, c’est lent, c’est dur. Interminable !  Enfin, en haut ! Des spectateurs nous disent que le ravito n’est pas loin. Plus d’un kilomètre en claudiquant, là où les autres courent. Là-bas, la ferme du Cade, le ravito, enfin.

J’y suis, je mange, prend une soupe, me réchauffe. Je suis pris de tremblements. Il y a un coin avec des bancs. Y sont assis d’autres zombis comme moi. J’y reste un bon quart d’heure. Bon, faut pas rester là, sinon je vais y mourir. Je reprends un gel anti-crampes.
Je repars, passe le tapis qui calcule les temps intermédiaires. 9h47mn de course (976e). Il reste 7,5 km, soit dans mon état au moins 2 heures de course. De marche plutôt. J’essaie bien de courir sur le causse mais les jambes ne veulent pas. Malgré tout, je sais maintenant que je peux finir en gérant mes douleurs. Au bout de 10 mn, je vomis ma soupe. Déchéance.

Arrive l’avant-dernière descente. 200 m de D-. En plus, ça glisse. Il doit faire 2 degrés. Le sentier est raide et boueux. Fin de descente. Replat mais je ne peux toujours pas courir. Maintenant, c’est un flot continu de coureurs qui me double. La dernière montée arrive. Je vois là-haut l’antenne téléphonique. C’est un mur qui se présente à nous. Sans vergogne, tant pis pour le style ou ma fierté, je monte à quatre pattes puis sur la fin je rampe le long des hautes « marches » pierreuses. Au moins, je n’ai pas de crampes aux bras. Dernière escalade. L’antenne est là. Tout à coup, un vent violent survient. Il balaie tout le haut du causse. Ne pas rester là pour ne pas attraper froid.


Je peux courir un peu sur le replat. Cela ne dure pas longtemps. La dernière descente arrive. Encore plus boueuse que la précédente. Je laisse passer les coureurs. Une petite montée. Voilà la grotte du hibou. Une vingtaine de mètres dans ce sombre tuyau. Une grosse marche au milieu. Je manque de tomber, m’accroche à la paroi. Sortie de la grotte et tout de suite la descente. En fait, un toboggan de boue. Pour descendre, il faut s’accrocher aux arbres. Je ne prends pas de risques, me fait doubler encore et encore, n’hésite pas à descendre deux ou trois passages sur les fesses. Ca me rappelle le glacier de bellecôte sur la 6000D. La descente en sous-bois dure bien vingt minutes. Puis tout à coup, je vois des champs. Des spectateurs nous disent qu’en trottinant, il reste un quart d’heure maxi. 11h40mn de course.

Allez ! Je vais essayer de finir en moins de 12 heures. Je me remets à courir, pas vite mais au moins je cours. Le sentier est large. Je me fais encore un peu doubler. Je vois maintenant l’arrivée, un petit muret à sauter. Gamelle devant les spectateurs. Ridicule jusqu’au bout. Cent mètres de bitume. Arrivée. 11heures52mn. 1156e. Fin de partie.


Les autres copains sont arrivés depuis bien longtemps (Patrick 234e en 9h14 ; Julien 252e en 9h17 ; Bruno 284e en 9h24 ; Eric 295e en 9h25 ; Claris 483e en 10h10 ; Vincent 670e en 10h41) Même Urbain, qui était mal au trentième km, arrive trois minutes après moi.
Après analyse, pour la première fois, je sais que j’ai atteint ma limite.
Moi qui rêvais d’ultra, je sais qu’il me faudra patienter. Ma défaillance est sûrement d’abord due à une mauvaise alimentation. Il va falloir que je me construise un protocole alimentaire strict car sur les longues distances, ce paramètre est primordial, je viens de l’apprendre à mes dépens. Il va aussi falloir que je travaille beaucoup mon renforcement musculaire et ma VMA.
Pour l’heure, après un hiver qui va me servir à revoir et à travailler mes fondamentaux, je pense orienter ma saison 2013 sur des courses plus courtes pour reprendre de la vitesse (ça fait plus de deux ans que je n’ai pas fait un 10 km), tout en incorporant le marathon du Mont-Blanc (en juin) et un marathon en fin de saison.
Je ne renonce pas à un 80 km en 2014 en tirant les enseignements de la grande course des templiers que je viens de faire. Cette course n’est pas un ultra-trail. Elle n’en est pas moins terriblement difficile.




lundi 17 septembre 2012

Hommage à la course de Saumur-Champigny


Fort tôt, en ce beau matin, nous nous retrouvâmes sur la place du village. Tout le monde était là. La chef de la tribu (parce que nous, on a une chef) avec sa gouaille habituelle nous intima l’ordre de partir. Alors,  nous attelâmes nos trois charrettes pour s’en aller loin de nos contrées. Après quelque temps de voyage, nous arrivâmes dans ce pays de cocagne où pousse la vigne : Saumur-Champigny.

Y a-t-il un marché pour qu’il y ait tant de badauds ? Non, pas du tout. Toute cette foultitude n’était là que pour un seul évènement : les foulées de Saumur-Champigny. Il n’était point question ici d’arènes, de gladiateurs ou de fauves affamés mais simplement de course à pied.

Mais quelle course à pied ! Le défi consistait à courir environ quatre lieues (soit pour les hommes du futur, 17,4 kms) mais aussi et surtout à passer les ravitaillements « gastronomiques ».

« Oyez !  Fiers coureurs, préparez-vous à affronter les sentes, les venelles et autres chemins de l’Anjou, à travers vignes et coteaux. »
Notre tribu se mit en place, loin de la ligne de départ, laissant les premières places aux mangeurs de bio et autres buveurs d’eau. D’autres tribus firent comme nous.  Ainsi des marsupilamis, des « dupont et dupond » et autres arlequins.

Le clavecin libérateur lâcha la horde sauvage. En fin de peloton, notre équipée s’élança. Nous partîmes douze…
Pour nous reconnaitre, notre chef avait eu l’idée de nous affubler d’un chapeau rouge et d’une cravate garance, assortis à la couleur de notre tunique sur laquelle, fièrement, était apposé notre blason (logo pour les hommes du futur) : « Foulées d’étival ».
Nous calâmes nos pas sur Dame Sylvie, novice sur une telle distance. La gente féminine était également représentée par Dames Katia, Laurence, Marie-Pierre et bien sûr notre vénérée chef Martine. La gente masculine était composée de Monseigneur Eric, mari de notre vénérée, Anthony, époux de Dame Sylvie, des sieurs Jean-Michel, Laurent et Patrice. Complétaient la petite bande, notre sage Jean louis et moi-même qui étions équipés de boites à images dans le but d’immortaliser l’aventure.

Dame Christiane, épouse de notre sage, faisait partie du voyage mais n’avait point voulue enchausser ses sandales de sport, préférant, telles les femmes de marins qui, fébrilement, attendaient le retour au port de leurs bienheureux, patienter près de la zone de départ, qui faisait aussi office d’arrivée.

Nous trottinions donc  en compagnie d’une policière américaine, d’un prisonnier, de clowns, de fées, de personnages plus ou moins identifiés. D’autres étaient simplement déguisés en coureurs à pied.

Les Dupont et Dupond étaient proches de nous à la recherche du trésor de Rackham le (verre de) rouge.
La maréchaussée veillait sur le bon déroulement de l’épreuve. Bientôt arriva la première halte. 
En mon for intérieur, je m’étais lancé le défi de ne point boire d’eau durant l’épopée. Je doutais  que d’autres dans l’équipée, notre ami Patrice notamment, avaient eu la même ambition. D’une lampée, je bus l’hydromel puis dégustais autres saucissons et boudins. Puis nous repartîmes.

 Pour peu de temps. Assez rapidement, au hameau de Chaintré, se trouvait une nouvelle taverne à ciel ouvert. Patrice, connaisseur, nous indiqua que le meilleur Saumur-Champigny se trouvait Là. Nous goûtâmes donc le précieux breuvage accompagné cette fois de rillauds.
Comme des troubadours animaient le lieu en musique, plusieurs de nos amis se mirent à danser carmagnoles et farandoles.

Sur ordre de notre vénérée, nous reprîmes la route ou plutôt le chemin qui, droit dans les vignes, nous emmenaient vers une poterne.  Passée celle-ci d’autres chemins serpentant entre vignes et forêts s’offraient à nous.
Nous arrivâmes devant un château. Le porche était ouvert, deux coureurs  qui nous précédaient, s’étaient aventurés mais visiblement, le marquis du coin n’était point d’accord avec cette affaire et raccompagnait nos deux manants. Nous longeâmes donc sagement la bâtisse.

Plusieurs jeunes femmes arboraient le blason d’une tribu venue des Sables d’Olonne, une contrée lointaine du ligérien océanique. Sieur Jean-Michel ayant beaucoup voyagé, avait fait partie de cette tribu voilà quelques années. Ce fut prétexte pour prendre conversation avec les belles.

Nous avions maintenant dépassé le milieu de cette course. Sylvie tenait bon, nous aussi.
Puis une pancarte annonça « Ravitaillement à 100 mètres ». Nos papilles se mirent en action. L’élixir était proposé dans de magnifiques verres, on ne pouvait refuser. Notre ami Laurent s’en délecta.
Les dames prirent un peu d’avance, préférant l’eau au vin. Sur ce, de bon pied, la gente masculine repartit afin de rattraper nos amies. Sur la lancée, afin de nous dégourdir les jambes, quelques hommes, dont votre serviteur, continuèrent d’accélérer.

Jusqu’à revenir sur une demoiselle vêtue d’une jupette à damier blanc et noir, tels les drapeaux d’arrivée des 24 heures (célèbre course de chars). La tunique laissait deviner un joli séant.


Dans un souci d’élégance et afin de ne pas offenser la belle, nous décidâmes, sans besoin de mots, de rester derrière. L’allure fût donc réduite.

Une longue côte s’ensuit. Nous rattrapons deux quidams vêtus à la mad max, tels des guerriers venus d’ailleurs en quête de quelque guerre picrocholine. Ils venaient surtout du dernier ravitaillement où ils avaient passé une longe halte.

Ayant pris quelques longueurs d’avance sur nos équipières, nous fîmes une haie d’honneur et, à chaque passage de coureur, composâmes une « ola » d’encouragement. Cela dura un temps. Le groupe s’étant reformé, trottinage reprit.
Plus loin, en remerciement de nos encouragements, les belles des Sables d’Olonne nous saluèrent d’une même « ola ». Le soleil était chaud maintenant.

Nous nous retrouvâmes une nouvelle fois au hameau de Chaintré. Nous ne devions pas être dans les premiers (on s’en doutait un peu) car les tablées n’étaient plus bien garnies. Une amphore de petit rosé pétillant s’offrit à nous pour nous rafraîchir. Dame Katia apprécia.

Nous repartîmes en compagnie de la tribu Suzeraine, des voisins à nous. D’ailleurs, Martine, qui connait tout le monde, connaissait l’un d’entre eux, le conquérant Guillaume, qui avait l’air d’être un homme de joyeuse compagnie.

Quelques-uns d’entre nous prirent quelque avance pour aider à la digestion. Nous arrivâmes à la cave. La descente était douce, il faisait frais. Puis nous serpentions dans l’immensité obscure, seulement éclairée de lanternes « électriques » au sol. Nous arrivâmes au pied de l’escalier, 60 marches à grimper puis le soleil nous éblouit.  Nouvelle haie, nouvelle « ola » puis, groupe reformé, direction la dernière halte gastronomique. Deux petites lampées, du fromage. C’était bon.
Une photo du groupe avec la boite à images. Puis longue traversée du village. Nous étions proches de l’arrivée. Nous nous mirent en forme de farandole, main dans la main, et Dame Sylvie en tête, nous franchîmes, avec brio et en chantant, la ligne libératrice.…Nous arrivâmes douze.

Le sablier mécanique que je portais au poignet indiquait  2h 15mn. Mais peu importe le temps. Le ravitaillement était là. La chaleur, notre bonne humeur et nos haltes gourmandes nous avait donné soif. Enfin de l’eau !

Le sieur Anthony, entraineur d’une équipe de soule (jeu de ballon de cuir) et moi-même devions repartir rapidement. A’ regret, nous abandonnâmes nos compères.
Ils finirent leur journée en festoyant, attablés à l’ombre d’un grand chêne, se contant maintes fois et de maintes façons leur belle aventure.

Pour sûr, d’autres suivront.